Dans les épisodes précédents, l’auteur-compositeur-interprète français Alexandre Varlet balançait sa pop-folk directement en vinyle pour son quatrième opus, Soleil noir. Il nous présente ici son cinquième, toujours de la belle ouvrage, des textes intimistes, sensualité d’une voix et d’une guitare.
Quinze ans après son premier cd, l’homme est encore là, et on a toujours envie de suivre son parcours, d’écouter ses chansons fines, qui résonnent en profondeur en nous.
Voici notre échange électronique.
Entrevue avec Alexandre Varlet
1) Vous revenez avec cet album au format cd et mp3, alors que le précédent était sorti en vinyle. Pourquoi ce retour au cd? Que retirez-vous de cette expérience vinyle?
AV: Ce 5e album studio sort aussi en format vinyle ! Je ne puis bouder ce plaisir, en qualité de féru de ce format et parce que Soleil Noir a été très bien accueilli par le public malgré son format unique 33T. Ce format semble être en phase avec une tendance mondiale, et tant mieux. Cela incite à retourner chez les vrais disquaires, ceux qui ont toujours défendu les alternatives, les niches, le vinyle …Comme toujours les majors suivent le pli, elles n’auraient jamais eu le courage de prendre l’initiative.
Ce format vinyle m’est cher. Mais j’admets aussi qu’une sortie CD et digitale sont indispensables.
2) Vous avez publié en version numérique uniquement un très bel opus en public à la Maroquinerie qui datait de 2008. Peut-on envisager qu’il ressortira en cd, par exemple en doublé avec Soleil noir? Détenez-vous les droits sur vos précédents disques?
AV: Je suis propriétaire de tous mes disques oui. Le live à la Maroquinerie uniquement en digital sur alexandrevarlet.bandcamp.com remporte un franc succès et l’idée de le sortir en physique pourrait être envisageable. Mon public a majoritairement entre 30 et 40 ans, il est attaché je crois à tenir un disque entre les mains, lire et relire le livret, le retourner, le manipuler.
3) Qu’est-ce qui a motivé votre envie d’enregistrer les nouvelles chansons en Suisse avec Arnaud Yvan Sponar ? Qui est-il ? Pourquoi là-bas?
AV: Arnaud est le démiurge de Goodbye Ivan, projet abrité par Shayo Records à Genève, tout comme SOLEIL NOIR mon 4ème disque. La rencontre est artistique puis humaine. J’ai ressenti le besoin de faire ce disque avec un réalisateur, j’ai eu envie de le faire avec Arnaud. À l’époque il vivait en Suisse, le studio 603 à Vevey nous a accueillis. Un lieu alternatif, dans une cité magnifique. J’aime l’idée de travailler hors mes murs.
4) Le cd est joliment illustré par Yann Orhan, à partir d’images très anciennes, me disiez-vous… Est-ce que vous lui avez donné carte blanche ? Que cherchiez-vous à dire à travers ces illustrations?
AV: À la suite d’une exposition vue à Dinard où j’habite, l’idée d’une lithographie précise a germé en moi. J’ai soumis plusieurs propositions d’images à Yann Orhan, fidèle compagnon depuis Ciel de Fête. Il a su en tirer la quintessence pour me proposer un visuel sobre, élégant, utopique, intemporel…
Je voulais la mer comme personnage, évoquer la vanité de l’homme, et qui sait.
5) Les paroles de vos chansons sont intimistes, collant parfaitement avec votre musique, mais est-ce qu’une écriture plus sociale pourrait également vous intéresser un jour?
AV: Je ne peux pas dire non catégoriquement. Mon engagement est à ce jour strictement émotionnel, ce qui n’empêche pas la possibilité de s’identifier à mes textes, ni au fond d’évoquer des thèmes d’actualité, je pense à l’amour épinglé par exemple sur Dragueuse de fond, ou L’hôtel aux étoiles nombreuses.
Mais force est de reconnaître que ce n’est pas probant dans mon univers. Je me permets de citer Montaigne qui avouait ne parler que de lui car au fond il était un homme comme les autres, donc en parlant de lui, il parlait aux/des autres.
Je me situe plutôt là.
6) Deux morceaux (Umovedown; et Mille vache, composé par Sponar) créent une rupture de ton, avec un son synthétique qui rappelle celui du Bashung des années 80. Était-ce délibéré, pour casser l’acoustique folk? Bashung a-t-il été une influence pour vous, un jour ou l’autre?
AV: Un disque est un monde, un film. Pour que la sauce prenne, il faut du relief, des accidents. Ces titres-là ont été délibérément écrits dans cette optique. La guitare folk est mon instrument de prédilection mais je reste profondément marqué et consommateur de musique synthétique des années 70 et début 80.
Si Bashung est une influence c’est clairement pour 2 disques: Play blessures et Novice.
7) Si vous pouviez réaliser l’album de vos rêves, sans limite de temps ou d’argent, et même avec des musiciens morts, ça ressemblerait à quoi?
AV: Scott Walker «3»
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Alexandre Varlet, éponyme (Les Disques du 7e Ciel)