Il existe depuis quelques années un retour au vinyle, la production de 33 tours (neufs) est à la hausse. Il y a beaucoup de snobisme là-dedans, mais aussi d’autres raisons. La beauté de l’objet (ah! ces grandes pochettes artistiques!), la qualité sonore (encore faut-il une bonne chaîne), mais il ne faut pas oublier pourquoi le CD a été inventé: plus petit, plus pratique, moins fragile et, immense avantage, la possibilité de sauter les morceaux que nous n’aimons pas ou de rejouer nos préférés.
Avec les mp3, c’est encore mieux. On supprime de la liste d’écoute directement les indésirables. Car il est très rare d’aimer un album en entier.
Ainsi le dernier album d’Henri Salvador vient de paraître. Posthume bien entendu, car le monsieur nous a quittés en 2008 autour de sa 91e année!
On a retrouvé des maquettes, des inédits (essentiellement enregistrés juste avant le méga succès de Chambre avec vue). On a juste gardé la voix et on a demandé à Benjamin Biolay de tout reprendre à zéro. Biolay était le choix évident puisque c’est lui qui était responsable en grande partie (avec Keren Ann) du retour en grâce de Salvador. Sur Chambre avec vue (2000), cinq chansons portaient la signature de l’un et/ou l’autre. Presque toutes les autres étaient aussi très bonnes, en particulier la magnifique Il fait dimanche de Marc Esteve et Art Mengo.
Après Chambre avec vue, la qualité des opus de Salvador a nettement baissé. Les chansons n’avaient plus la même majesté magique.
Le nouveau, Tant de temps, n’est pas le disque de l’été que cherchent à nous faire croire certains médias. Quand vous lisez que Mon amour, un morceau dans lequel le chanteur répète sans cesse les deux mêmes mots, est un prodige, sachez seulement que c’est ce qui est dit dans le communiqué de presse…
La vérité, c’est que c’est un machin inutile, à supprimer ou à sauter. Exactement comme les deux duos casse-pieds (un avec Biolay, l’autre avec Hubert Mounier).
Au final, il reste sept ou huit chansons qui passent du très bon au agréable. Il faut trier.
Vive le numérique.
Henri Salvador, Tant de temps
Petit documentaire de neuf minutes sur la fabrication de l’album avec divers collaborateurs à voir ici (pas besoin d’acheter l’édition spéciale FNAC, c’est une arnaque)…