Si un avis unanime peut parfois être louche, celui entourant le nouvel album de Daran, «Le monde perdu», relève de l’évidence. Confrères ou amis, des deux côtés de l’Atlantique, l’incluent dans leur palmarès des meilleurs disques de 2014. Pour ma part, il est tout en haut. Le plus puissant de tous. Voyons maintenant comment cette formule acoustique, essentiellement guitare/voix, se transpose sur la scène. Le chanteur sillonne actuellement les routes du Québec qui le mèneront jusqu’au Nouveau-Brunswick. De passage ce soir à Montréal, au Gesù, une belle salle intimiste où on a déjà pu apprécier autant l’accordéon jazz de Daniel Mille que les litanies poétiques de Jacques Bertin.
Daran occupe le côté gauche de la scène, pour une traversée musicale en solo. Il aurait pu distendre son filon en s’entourant d’un groupe pop rock. Fort heureusement, il n’en est rien. Assis, avec sa guitare acoustique sur les genoux pour la majeure partie de la soirée, avec quelquefois une six-cordes électrique et de l’harmonica. Un ordinateur portatif et des pédales pour quelques discrets bidouillages sonores, mais c’est tout. On passe environ 90 minutes juste avec sa gratte sèche et sa voix chaude.
Déjà, avec ça, le bonheur est grand. La colonne vertébrale du répertoire est le dernier opus, avec quelques vieux morceaux comme l’infatigable Dormir dehors. Depuis «Le monde perdu», on manque de mots pour décrire l’enthousiasme qui nous prend en écoutant Daran. Et pendant ce spectacle, les superlatifs affluent. Comment raconter une telle force émotive ?
Car Daran ne s’est pas arrêté là. Il a demandé à une illustratrice de l’accompagner sur scène. Elle s’appelle Geneviève Gendron et son coup de crayon est vif, hallucinant. On projette un film sur écran géant, pendant qu’elle dessine en direct sur les images. Des paysages routiers, urbains, champêtres, une chambre d’hôtel, un miroir dans lequel apparaît un visage… Surprenante, inventive, elle prolonge à merveille les chansons. C’en est parfois un peu déconcentrant. Comme il n’existait pas de logiciel qui permettait de dessiner sur des films, le chanteur a demandé à Serge Maheu d’en inventer un. Maheu a également filmé plusieurs scènes, prenant le relais du chanteur. Pour un meilleur aperçu, agrandissez la photo ci-jointe en cliquant dessus.
L’œuvre commune est une fantastique réussite : trois artistes au service d’un univers musical et qui le subliment, on n’aurait pas cru ça possible.
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Reportage vidéo sur Daran dans cette formule artistique…