Posts Tagged ‘Sébastien Lacombe’

Traversées (4)

23 septembre 2016

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On avait laissé Daniel Lavoie en 2014 avec le splendide projet biscornu «La licorne captive», le revoici avec un opus très personnel, «Mes longs voyages», en forme de bilan. Ici, l’homme de 67 ans interprète tout en finesse et sobriété ses propres nouvelles chansons, parfois écrites avec l’aide de Moran, de Patrice Guirao ou pigées dans le répertoire des autres pour leur rendre hommage (Léo Ferré, Félix Leclerc et même Alain Bashung!). Lorsqu’il emprunte à Allain Leprest Une valse pour rien, la nette diction du chanteur nous fait redécouvrir cette merveille qu’on connaisait pourtant bien. Parmi d’autres beaux moments, mentionnons l’émouvante Maman chantait les feuilles, que Lavoie signe seul. C’est un album doux, lent, enveloppant, dans lequel il fera plaisir de se lover les jours d’automne et d’hiver.

lacombe

Pour répondre aux couleurs crépusculaires de ce Daniel Lavoie introspectif, on peut aller faire un tour du cöté du Québécois Sébastien Lacombe qui, depuis deux albums, métisse ses chansons de sang africain avec une grande réussite. «Territoires» (2012), le précédent, était épatant, et pouvait s’écouter en boucle. «Nous serons des milliers» en est le prolongement, et en prime un peu de reggae qui s’intègre harmonieusement. Pas de dissonance. Lacombe sait aussi y faire en formule dépouillée, avec une guitare en bois et une tendresse dans le chant (très jolie Mélodie). À l’instar de Martin Léon, Lacombe pratique une chanson détendue, rythmée, et que l’on ne peut résumer autrement que par «cool». C’est tout le corps qui se trémousse, en liesse, et sans négliger un propos socialement engagé, mais sans lourdeur. Deux chanteurs solaires.

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Alexandre Belliard, lui, est plus sérieux. On apprécie sa chanson politque et historique, un cycle qu’il poursuit depuis longtemps avec les «Légendes d’un peuple», dont arrivent d’un coup les volumes 4 et 5. Ils sont disponibles en livre-cd ou en cd de type promo avec une simple pochette en carton hélas sans livret et sans crédits détaillés. Fidèle, Belliard reconduit la même équipe avec en tête Hugo Perreault. Pas de réelle surprise ici, juste de l’ouvrage bien fait, des chansons gossées à la main avec soin, qui évoquent l’histoire des francophones d’Amérique, qu’ils soient connus ou non, morts ou vifs. Si l’ensemble est de belle facture, avec beaucoup de guitares acoustiques et quelques touches de piano, on peut avoir une affection particulère pour le salut à Jacques Parizeau et son pays à bâtir. Seul dans son créneau, il y a dans cette série un côté pédagogique indéniable. Qu’il en soit encore une fois remercié pour ce boulot monumental. Mais ceux qui ont également de la mémoire se rappelleront que Belliard, avant d’être le chantre de l’Histoire, était un jeune auteur-compositeur prometteur (2005-2010). Le temps est-il venu de ranger les cahiers d’école et retremper sa plume dans une encre plus personnelle? Ne serait-ce que pour se remettre en danger. Il sera toujours temps de reprendre les Légendes là où il les a laissées, comme un ancrage.

Francis Hébert

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Parfum d’Afrique

9 février 2013
Un balafon.

Un balafon.

Sébastien Lacombe faisait sa rentrée montréalaise ce soir au studio-théâtre de la Place des arts. Son troisième album, Territoires, composé dans la foulée d’un voyage en Afrique, se classait numéro un dans mon palmarès francophone de fin d’année en 2012. Le meilleur disque de chanson était québécois. Sournois, l’opus. On l’écoute une première fois: ouais, sympa. Une deuxième: ah, oui! c’est bon! Et par la suite: vraiment extra! Ça s’infiltre en douce, et ça reste là.

Sur les planches, ce soir, il a prouvé qu’il sait raconter de bonnes histoires entre les morceaux, pas trop longues, assez amusantes ou touchantes. Simplement, en accordant sa guitare en bois. Sympathique, chaleureux, voix chaude, de très belles chansons (essentiellement celles de Territoires, dommage pour C’est tragique l’Amérique et La note, du premier cd).

Hélas, ce qui aurait pu être une soirée extraordinaire s’est un peu banalisée. La faute à la formule musicale choisie. Platement, un bassiste et un guitariste, deux Québécois frileux (la preuve: ils gardaient leur tuque à l’intérieur). Mais sur la petite scène, trônaient de chouettes promesses: des djembés et un balafon. Impossible de ne pas penser à la Complainte africaine de Jean Duino et popularisée par Bïa: «J’aurais pu naître en Afrique et jouer du balafon»…

Le spectacle a donc débuté lentement, avec Lacombe et ses deux comparses frigorifiés. Les morceaux étaient bons, bien exécutés, mais ça ne levait pas. Au bout d’une vingtaine de minutes, ça a changé. L’atmosphère s’est soudainement réchauffée: un troisième musicien (Abou Kone?) faisait son entrée pour s’occuper des percussions africaines et de cette espèce de xylophone qu’est le balafon. Montréalais d’adoption mais d’origine africaine! Un vrai! (la preuve: il portait une djellaba!)

Et c’est là qu’on s’est rendu compte de ce qu’aurait pu être cette prestation si Lacombe avait poussé son idée à l’extrême, se forgeant une personnalité unique: juste lui et l’Africain, sans basse ni guitare autre que celle jouée par le chanteur. Presque tous les meilleurs moments étaient ceux au parfum d’Afrique. L’invité noir n’a joué hélas que sur environ 25 % des morceaux. On aurait peut-être même pu ajouter une kora et le métissage n’en aurait été que plus exaltant avec les chansons très québéco-américaines (pour le meilleur, au sens de Richard Séguin).

On aurait aimé que le voyage de l’auteur-compositeur-interprète à Dakar ait de plus fortes répercussions encore sur son spectacle: dans le choix des instruments, dans une projection de photos prises là-bas.

Il a pour lui du charisme et de bonnes chansons, il lui faut maintenant oser l’extrême. L’épure. Le nirvana créatif.

Rebonds

18 décembre 2012

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Pour ouvrir des fenêtres. Par curiosité. Parce qu’on ne peut pas être partout, tout le temps. En guise de complément à mon palmarès de l’année, j’ai donc demandé ceci à quelques-uns de mes lauréats : «J’aimerais savoir quel a été votre coup de coeur musical francophone en 2012. Ça peut être un disque récent ou au contraire un vieux disque que vous ne connaissiez pas et que vous avez enfin pu découvrir. Québécois, Français, mort ou vivant, aucune importance.»

Voici leurs réponses (par ordre alphabétique). J’ai demandé à Alexandre Belliard de me donner un autre choix car Florent Vollant n’était pas vraiment franco. J’ai gardé le début du message parce que je le trouvais intéressant. Et tant pis si c’est de la triche!

Je tiens à les remercier pour leurs réponses.

Alexandre Belliard :
Zachary Richard, Bayou des mystères (1976)

Cette année j’ai écouté beaucoup, beaucoup d’albums, comme chaque année, de Placard à Chloé Ste-Marie, de Katerine et ses peintres à mon éternelle passion pour Renaud, mais je suis de façon récurrente revenu aux albums de Florent Vollant et plus particulièrement de son album Eku Mamu. Tellement sincère, tout près de nous, mélodique, enveloppant et en prime…. le rêve d’une poésie inaccessible que par le coeur. Tout un artiste!

Depuis mon périple de 11 500 km à travers l’Amérique au côté de mon paternel au mois d’octobre dernier, j’écoute avec acharnement l’album Bayou des mystères de Zachary Richard. Ça me rappelle les couleurs et les saveurs de la si belle Louisiane. Ça danse, ça sent les racines, l’histoire et la fête! Un grand monsieur ce Zachary!

Thierry Bruyère :
Montagnes russes, mini-tsunamis (maxi 5 titres ; 2011) d’Émilie Proulx

Pour moi, c’est une défricheuse comme les soeurs McGarrigle l’ont été pour mes parents. Sa façon d’aborder nos doutes et nos mal-aimés me renverse. Quand elle chante «Au fond c’que j’aime pas quand j’y pense / C’est surtout mon ambivalence / Mon visage flou comme le Québec / Américaine et pas pantoute», elle parle de mon propre combat. Elle est anglophile et se réclame simultanément d’une américanité francophone. Je sais, en l’écoutant, qu’il faut mettre la main à la pâte en français.

Louis-Jean Cormier :

Mon coup de coeur franco de 2012 est Astronomie d’Avec pas de casque pour la richesse de sa poésie. Des textes qui rendraient jaloux Miron et qui nous donnent le goût d’écrire… Mieux.

Domlebo :

J’ai pas mal écouté Marie-Pierre Arthur. Mes Aïeux ont sorti un disque avec plusieurs chansons très très bonnes. C’est Amylie par contre avec Le royaume qui gagne cette année. La réalisation, la lumière des textes, sa voix absolument charmante, les rythmes, les thèmes, une douce poésie féminine et pacifiante. Je ne l’avais pas haïe avec ses premières chansons et en spectacle mais là, wow!

Thomas Hellman :
Montagnes russes, mini-tsunamis (maxi 5 titres ; 2011) d’Émilie Proulx

J’adore le côté atmosphérique, douce mélancolie et poésie. Émilie a un son et un univers qui lui appartiennent entièrement. Elle est à mille kilomètres de toutes ces chanteuses avec de fausses voix naïves de petites filles que je ne peux plus supporter.

Sébastien Lacombe :

Mon coup de coeur musical de 2012 est un disque que j’ai redécouvert pendant mon travail de studio, je l’écoutais beaucoup pour me mettre dans une ambiance. Bleu Pétrole de Bashung, pour son côté tragique et surtout pour la chanson Vénus, un bijou d’arrangement, un disque que j’avais oublié et que je redécouvre cette année. Première à éclairer la nuit, Vénus…. La profondeur de ce disque est grandiose.

Léonard Lasry :

Cette année, contrairement aux années passées, j’ai eu beaucoup moins de coups de coeur pour des nouveautés francophones. J’en profite alors pour parler d’un album que j’aime toujours autant au fil des ans, il s’agit de l’album éponyme de Bruno Maman (2005).

C’est pour moi un très grand album avec des très grandes chansons… La production y est grandiose, elle est d’ailleurs signée Alain Goraguer, un des meilleurs arrangeurs-réalisateurs des années 60-70. Elle est à la fois classieuse, riche (grand orchestre) et inventive.  Je me rappelle avoir découvert cet album à sa sortie et être tombé immédiatement «d’accord» avec tout ce que j’entendais, le choix des mots, les mélodies, le son, les partis pris…Parmi mes préférées : Cain sans Abel, Naïf, Aujourd’hui efface hier, De chez toi à chez moi ou la très belle Le marchand de fleurs… En bref, je ne manque jamais de parler de cet album, trop injustement méconnu à mon avis…

Tristan Malavoy :
André Dédé Vander – French toast et peines perdues (2012)

Je connaissais bien sûr le Vander mouture Colocs, je connaissais aussi le type un peu bourru mais sympa croisé un soir sur une scène de Dub & Litté, ce «sound system littéraire» qui avait bien fait groover mes poèmes. Je connaissais beaucoup moins le Vander ACI, découvert vraiment avec French toast et peines perdues, très bel album paru en mars dernier. On se régale de sa version de la Marie-Jeanne de Dassin; on goûte au moins autant les chansons de son cru, textes bien tournés posés sur des musiques folk et reggae. J’aime.

La ligue des champions

13 décembre 2012

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L’année 2012 en chansons francophones. Voici les meilleurs joueurs. D’ici quelques jours, je publierai un autre billet pour dévoiler les coups de cœur de la plupart de ces lauréats. À suivre.

Meilleurs albums

1) Sébastien Lacombe, Territoires

2) Élisa Point & Léonard Lasry, L’exception

3) Thomas Hellman chante Roland Giguère

4) Tristan Malavoy, Les éléments

5) Daran, L’homme dont les bras sont des branches

La plus belle surprise / le plus original

Domlebo, Chercher noise

Merveilleusement et bellement hors du temps

Alexandre Belliard, Légendes d’un peuple tomes 1 et 2

Espoir

Thierry Bruyère, Le sommeil en continu

Meilleure chanson

Louis-Jean Cormier, Un monstre (paroles et musique de LJ Cormier)

Rééditions

Julien Clerc, coffret L’essentiel (13 cd)

Renaud, Intégrale studio (18 cd)

Les plus nuls

Raphaël, Super-Welter

Benjamin Biolay, Vengeance

Toute la musique qui bouge vient d’Afrique

7 novembre 2012

Photo: Anouk Lessard

C’est Bernard Lavilliers qui le dit, ça doit être vrai. Au cours d’une de ses fameuses «improvisations» des années 70, il lance ça, «toute la musique qui bouge vient d’Afrique». Il serait mal aisé de le contredire, mais chose certaine la couleur africaine se marie parfois à merveille à la chanson francophone. Pensez à «Gainsbourg percussions», un classique de 1964. On en passe, pour s’attarder au troisième album du Montréalais Sébastien Lacombe. La meilleure surprise de l’automne. Un disque accrocheur, tantôt rythmé, tantôt folk-pop, qu’on a envie de se repasser, avec un plaisir immédiat.

Lacombe a puisé une partie de son inspiration dans un séjour de neuf mois au Sénégal avec sa petite famille. On a tellement aimé le résultat, un des opus les plus singuliers de l’année, qu’on lui a posé quelques questions par courriel, histoire de saluer sa démarche.

Q : À quel endroit et pour qui as-tu été chroniqueur et vidéaste?

R : J’ai été vidéaste et chroniqueur pour mon blogue que je tenais sur le site de Radio-Canada (extraits).

Aussi, je viens du milieu de la vidéo ayant pratiqué le métier de producteur de clips et publicités.

Q : Étais-tu friand de musiques du monde avant ton séjour en Afrique?

R : Oui, j’ai toujours été friand de la musique du monde avant mon séjour en Afrique, je suis un fan de longue date d’artistes tels Tiken Jah Fakoly, Habib Koite et Rokia Traore. Je suis aussi fan d’instruments authentiques et anciens tels la cora et le balafon et des sonorités qui riment avec voyage. J’aime beaucoup la musique du film Babel du compositeur Gustavo Santaolalla pour l’habillage organique et juste de la bande sonore.

Q : Qu’est-ce que ce séjour en particulier ou les voyages en général t’ont apporté sur le plan humain et artistique?

R : Sur le plan humain, ce voyage m’a apporté beaucoup. Il m’a ouvert à une autre culture , à des nouveaux amis, je me suis débarrassé de pleins de préjugés et d’idées préconçues que je m’étais faits sur l’Afrique ! J’ai un peu délaissé mon ordinateur (il y avait beaucoup de coupures d’électricité) pour redécouvrir les joies de la discussion et de prendre le temps de serrer des mains, de vivre une vie moins stressante et boire le thé avec des amis pendant quelques heures.

Sur le plan artistique, ce voyage m’a permis de redécouvrir l’auteur et le musicien en moi qui s’étaient égarés et essoufflés avec le temps. J’ai retrouvé le plaisir de jouer de la musique là-bas grâce à plusieurs rencontres, je pense à mon ami Oumar Sall, guitariste et joueur de xalam, à mes répétitions avec l’orchestre national du Sénégal dans le quartier populaire de la Médina en plein centre-ville de Dakar. Au niveau du texte, j’ai retrouvé l’inspiration de parler des choses importantes pour moi. Des sujets m’ont réellement touché comme celui des enfants de la rue (les talibés) qui a donné ma chanson «P’tit gars». Ma chanson Je ne suis plus comme avant explique bien, je crois,  les changements qui se sont effectués en moi, grâce à ce voyage.

En étant éloigné de mon pays pendant plusieurs mois, j’ai pris le recul nécessaire et réalisé l’importance de mes racines québécoises dans mon cheminement artistique.

Q : Tu as enregistré là-bas avec musiciens ou instruments africains sur place? Comment c’était? L’écriture des chansons a-t-elle été transformée ou tout était déjà prêt avant d’entrer en studio?

R : J’ai apporté mon studio maison là-bas et même visité quelques studios et effectué des enregistrements là-bas. Je n’ai pas gardé beaucoup de choses pour mon disque, disons que j’ai beaucoup expérimenté.

On a fait beaucoup de ménage dans le studio ici avec Pilou, le co-réalisateur de l’album. On a gardé que l’essentiel : le xalam sur certaines chansons («Les maîtres du temps» ; «Adouna» et «Mr taximan»). Le xalam est un instrument peul , ancêtre probable du banjo. Aussi l’enregistrement intégral d’une répétition de «La batuka de la isla»* sur l’île de Tarafal au Cap-Vert. «Adouna» est chantée par mon ami Oumar Sall qui me l’a offerte en cadeau pour notre amitié. Oumar est un peul, peuple berger.

À force de jouer avec des musiciens africains qui ne sont pas très scolaires pour la plupart mais très instinctifs, je me suis plus fié à mon instinct dans la composition de mes morceaux et on peut voir aussi l’influence de la musique africaine au niveau de la composition de mes morceaux; peu de changements d’accords guidés par des mélodies fortes.

Q : Est-ce que cet apport «musique du monde» à tes chansons peut les conduire vers un nouveau public,  a priori moins adepte de chanson francophone?

R : Cet apport musique du monde à mon cd peut certainement me conduire vers un nouveau public, mais je ne voulais pas faire un disque africain mais bel et bien un disque québécois reflétant une influence world, en fait, j’espère que j’ai réussi ! Au contraire, je crois que les adeptes de la chanson francophone vont aimer plus ce disque que mes précédents car ayant gardé le texte en avant, je crois que j »apporte un petit quelque chose d’exotique, une plus-value!

Q : Pourquoi ne pas avoir inclus de livret dans ton cd?

R : Je n’ai pas inclus de livret de paroles pour plusieurs raisons; la première étant d’ordre écologique; mes paroles étant téléchargeables sur mon site Internet.

L’autre était d’ordre esthétique, je voulais présenter un disque épuré au niveau du design de la pochette.

Q : Parle-nous de ta prochaine tournée, sera-t-elle différente?

R : Je pense que la prochaine tournée sera effectivement différente, je travaille à l’heure actuelle à la préparation du spectacle. Ce sera un spectacle/documentaire où la vidéo et les images seront de mise. J’aimerais que ce spectacle fasse voyager et réfléchir les gens qui vont y assister!

Sébastien Lacombe, Territoires (Productions Labombe)

(* le morceau caché de l’album)

Traversées (1)

11 octobre 2012

Depuis quelques années, la chanson québécoise bouillonne avec des Martin Léon, Philippe B, Monsieur Mono, Pierre Lapointe et tant d’autres. Pour qui aime la musique franco, ce n’est plus tellement en France que ça se passe mais au Québec. Surtout depuis cette rentrée d’automne. En quelques semaines à peine, il est sorti une douzaine de nouveaux albums québécois et cela, uniquement par des artistes déjà intéressants. À ce rythme, impossible d’écouter tout ça sur le moment, il faudra se rattraper plus tard. Pardon aux Pierre Létourneau, Dany Placard ou Brigitte Saint-Aubin qui nous échappent pour l’instant.

Passons rapidement sur le nouveau Yann Perreau, un fourre-tout exaspérant. Touchons deux mots de Territoires, le troisième opus de Sébastien Lacombe, qui revient aux racines folk-pop de son premier disque, fort heureusement, le deuxième étant à oublier. Lacombe nous redonne envie de le parcourir, et c’est ce que devraient faire ceux qui aiment Catherine Durand ou Sylvie Paquette.

La grande surprise de la rentrée, c’est que Luc de Larochellière sort un nouveau disque en duo avec Andrea Lindsay. Une union pour le moins étrange entre un chanteur pop qui a atteint la maturité artistique avec le magnifique Un toi dans ma tête et une toute jeune et toute fraîche chanteuse qui singe le yé-yé. Mais on apprend qu’ils forment également un couple dans la vie, alors pourquoi pas un doublé amoureux? Ça démarre très mal dans le néo yé-yé. Puis arrive la troisième chanson, Mad Dogs and Englishmen, dont seul le titre est en anglais, c’est joli et signé – comme deux ou trois autres – par Lindsay. La majorité des autres chansons sont de Luc, avec parfois la collaboration de sa comparse. Un album qui ne bouleversera pas la chanson québécoise comme le faisait Un toi dans ma tête, mais qu’on prendra plaisir à réécouter.


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