Archive for avril 2014

L’envie d’écouter Miossec?

24 avril 2014

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Le nouvel album de Miossec, «Ici-bas, ici même», n’est pas la merveille annoncée par certains médias. Souvent, la presse est en manque de superlatifs, elle s’excite rapidement. Mais pour qui sait mettre les choses en perspective, il demeure évident que le chanteur brestois s’est assagi depuis les chansons – tranchantes comme les lames de Dexter – de «Boire» et «Baiser». Ces deux premiers opus, un de rock acoustique et l’autre électrique, résonnaient en cavalcade dans le paysage français.

«Boire» (1995) est un incontournable de la chanson. On s’étonne qu’un auteur-compositeur-interprète aussi cultivé et ouvert qu’Albin de la Simone ne le connaissait pas. Du propre aveu de Miossec et d’Albin, avant de travailler ensemble sur  le nouvel album, ils savaient très peu de choses de l’autre… Albin affirmant que ce qu’il avait entendu (à la radio?) de Miossec ne lui plaisait pas toujours. Forcément, si on juge un artiste à ce que passe la radio ou la télé, on risque de louper les meilleures parts.

Ceux qui ont pu apprécier les très beaux mais plus sages disques de Miossec («Brûle» et «Finistériens») ne seront pas surpris outre-mesure de sa collaboration avec le talentueux de la Simone, qui signe les judicieux arrangements et la co-réalisation avec le chanteur et Jean-Baptiste Brunhes. L’astucieux Albin y joue également de la guitare, du piano, de l’orgue, du tambourin, du marimba, etc. Ninon Valder y tient le bandonéon.

Au final, il s’agit d’un joli opus, apaisé, réussi, ce qui n’est pas rien après l’exécrable et bien nommé «Chansons ordinaires» de 2011. Voilà qui redonne l’envie d’écouter Miossec, pour paraphraser le groupe De Calm, que devraient se hâter de découvrir les miossecophiles.

Sensuelle

22 avril 2014

daphné2014

«C’est une pluie légère/Qui court sur mon histoire/Ces lettres d’avant-guerre/Et leur parfum bizarre/Les orgueilleuses alors avaient la fièvre/Et passaient sans vous voir»…

Ce sont ces mots de William Sheller qui remontent à la surface quand on replonge dans l’univers de Daphné, celle qui depuis son troisième album «Bleu Venise» en 2011 ne cesse de nous émerveiller, de nous surprendre. Depuis, on aime sa délicatesse, son évanescence, la sensualité troublante de ses chansons, leur étrangeté.

Voici l’auteure-compositrice-interprète de retour à ses œuvres personnelles, après un disque et un spectacle de reprises de Barbara. Sheller et la grande dame brune, ça dresse des repères. Benjamin Biolay chante aujourd’hui un duo avec elle, lui qui avait déjà collaboré à son premier disque de 2005.

La chanteuse donne un sous-titre à son nouvel opus, «La fauve»: «Dix contes sorciers & quatre chansons réalistes». Du livret aux photos évocatrices jusqu’aux arrangements (piano, cordes, cuivres) de David Hadjadj, c’est un univers aux contours vaporeux auquel on nous invite, et qu’il fait bon fréquenter.

On ne peut que songer aux chansons de Daphné lorsque celle-ci met en exergue à son disque cette citation de Jacques Prévert: «S’il n’y avait que sept merveilles du monde sur la terre, cela ne vaudrait pas la peine d’y aller voir.» Par bonheur, Daphné est un pays à explorer, doucement.