Jacques Brel, J’arrive (1968)
Pas facile de choisir un seul disque de Brel pour figurer dans cette rubrique. À part les conneries des débuts (en gros le cd 1 de la vieille intégrale), il en a fait plusieurs des albums immenses. Mais celui de 1968 s’impose. Pour les qualités d’écriture, d’interprétation, de composition (avec l’aide capitale de Gérard Jouannest) et des arrangements foisonnants, on peut le considérer comme son chef-d’œuvre. Bien sûr, il y manque quelques chansons grandioses (Les désespérés; La ville s’endormait; Les Marquises; etc.), mais sinon, tout y est.
À commencer par le lyrisme. Qui, à part Jacques Brel, peut se targuer d’une telle puissance, d’un tel souffle, sans que la grandiloquence ne s’en mêle (ou si peu)? Sauf Allain Leprest, je ne vois pas. Pour les amateurs de chansons à reprendre en chœur, sourire aux lèvres, Brel glisse dans son album les Vesoul; Comment tuer l’amant de sa femme et La bière. Pour ceux qui le préfèrent poétique, peintre de tableaux sublimes, le chanteur interprète Je suis un soir d’été; L’éclusier; Regarde bien, petit; L’Ostendaise. Des chansons de mer parmi les plus belles jamais écrites. Des chansons de contemplation. Seul un Jean-Roger Caussimon joue dans ces folles grandeurs maritimes avec autant de justesse.
L’album «J’arrive» a quarante ans cette année. En ce neuf octobre, on souligne le trentième anniversaire de la mort de Brel. Un Belge inoubliable et unique. Des chansons foudroyantes.
(billet publié le 9 octobre 2008)