Catherine Durand vient de se produire aux Francos, à l’extérieur, avec un bon petit vent qui nous rafraîchissait (un peu). La première fois que je l’ai rencontrée, c’était autour de 2005 pour une entrevue avec quatre chanteuses québécoises chez l’une d’entre elles, Ginette, à deux pas de chez moi. C’était un repas entre filles, moi j’étais l’envoyé spécial chez elle. J’écoutais mine de rien les discussions privées, et je relançais sur la voie professionnelle quand ça dérapait. Ensuite, elles ont «jamé» ensemble, Catherine les accompagnait à la guitare quand elle ne chantait pas, dieu que c’était beau. J’avais titré mon papier: Quatre filles dans le vent. (Ah non, je ne vais pas refaire le coup de la critique nombriliste deux fois de suite. D’autant que j’ai croisé un représentant du Devoir ce soir et qu’il fera ça sans doute mieux que moi…)
C’est toujours un plaisir de retrouver Catherine Durand depuis 2005, depuis son album de la maturité artistique Diaporama jusqu’au suivant Coeurs migratoires. Elle a d’ailleurs chanté la chanson titre de ce dernier, sur un texte de Tristan Malavoy (encore lui? c’est une conspiration ou quoi? si au cours des prochains jours vous entendez Sting ou Gordon Lightfoot interpréter du Malavoy à Montréal, il faudra se poser des questions si ce n’est pas un complot poétique pour envahir la ville).
On retrouvait donc avec joie son folk doux, et sa bonne tête. Pour l’accompagner, outre son réalisateur Jocelyn Tellier aux guitares, il y avait les frères Chartrain (Marc et Guillaume, qui jouent désormais avec Daran). Jusqu’ici, tout va bien. Mais… comme elle sort un nouvel album en septembre, elle a bien sûr interprété quelques inédits qui, à tout le moins, beurrés de guitares électriques, laissent perplexes. Certes, les artistes ont le droit et même le devoir d’évoluer, de prendre des risques, mais ils peuvent aussi foncer droit dans le mur. Quand on a envie d’écouter de la bonne musique «planante», qui groove, on peut se mettre un vieux Pink Floyd ou Martin Léon. Qui pensera à Catherine Durand et qui, parmi les amateurs de six-cordes acoustiques, voudra la suivre là-dedans?
Attendons le disque complet pour juger, mais permettez-nous d’être sceptiques face à ce virage artistique.
Pour le moment, si on aime le folk débranché, les chansons de route, rendez-vous ce mardi soir même pour y entendre Claire Denamur. Souhaitons-lui une foule aussi enthousiaste et nombreuse, pour ce type d’événements feutrés, bien entendu.