Pour la troisième fois, on retrouve les poèmes de Gaston Miron chantés par la bande des 12 hommes rapaillés. Les deux premiers cd connurent un étonnant mais mérité succès critique et public. On espérait depuis une suite, pour clore l’aventure d’aussi belle manière.
Il aura fallu attendre quatre ans, histoire de rameuter de nouveau ces chanteurs hétéroclites mais unis par l’amour de l’œuvre «mironienne», dont Chloé Sainte-Marie fut la première interprète populaire. D’ailleurs, quelques chansons des volumes 1 et 2 avaient été créées (sur les mêmes mélodies) par l’actrice-chanteuse. Qu’elle en soit remerciée.
On retrouve donc autour du compositeur de toutes les musiques Gilles Bélanger, les Louis-Jean Cormier, Yann Perreau, Michel Rivard, Vincent Vallières, Jim Corcoran, Martin Léon, Daniel Lavoie, Richard Séguin, Pierre Flynn, Michel Faubert et Yves Lambert.
La nouveauté de ce troisième opus s’annonce dans son titre : «La symphonie rapaillée». Plutôt que d’enregistrer de nouveaux poèmes, on a choisi d’en reprendre une douzaine des deux premiers tomes et de les habiller avec de superbes arrangements symphoniques signés Blair Thomson (à qui l’on devait déjà un Michel Rivard symphonique en 2006). Ce n’est jamais pompeux, toujours au plus près des mots du poète. Les chanteurs sont à l’avenant : vibrants d’humanisme. Thomson dirige également l’orchestre de 24 musiciens. Et le résultat est remarquable, régulièrement plus puissant encore que les versions d’origine. Saluons également la réalisation et la direction artistique qui ont été confiées à Thomson, Louis-Jean Cormier et Martin Léon.
On pourrait tout citer tellement l’opus est riche. Même La corneille, exaspérante sur le tome 2, devient une création originale, inventive, dans une interprétation heureusement beaucoup plus sobre. Même si on aurait préféré entendre une vraie version (oublions celle cacophonique de l’intro) de Je t’écris pour te dire que je t’aime. Bien sûr, on peut regretter qu’il n’y ait pas de chansons inédites, mais peut-être que Gilles Bélanger s’en occupera seul, un jour ? Il en a le talent. Espérons-le : l’œuvre de Miron est bonne à y puiser encore au moins le temps d’un opus supplémentaire fait de matériel nouveau.
Pour le moment, l’aventure des hommes rapaillés sera transposée sur scène à la Maison symphonique de Montréal avec l’orchestre du même nom. Gageons que le mot ferveur sera approprié pour la décrire.
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12 hommes rapaillés, La symphonie rapaillée (Spectra)
Le cd sort le mardi premier avril mais on peut en attendant l’écouter intégralement sur le site d’Espace Musique.
En spectacle les 7 et 8 mai 2014 à la Maison symphonique de Montréal