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Sensuelle

22 avril 2014

daphné2014

«C’est une pluie légère/Qui court sur mon histoire/Ces lettres d’avant-guerre/Et leur parfum bizarre/Les orgueilleuses alors avaient la fièvre/Et passaient sans vous voir»…

Ce sont ces mots de William Sheller qui remontent à la surface quand on replonge dans l’univers de Daphné, celle qui depuis son troisième album «Bleu Venise» en 2011 ne cesse de nous émerveiller, de nous surprendre. Depuis, on aime sa délicatesse, son évanescence, la sensualité troublante de ses chansons, leur étrangeté.

Voici l’auteure-compositrice-interprète de retour à ses œuvres personnelles, après un disque et un spectacle de reprises de Barbara. Sheller et la grande dame brune, ça dresse des repères. Benjamin Biolay chante aujourd’hui un duo avec elle, lui qui avait déjà collaboré à son premier disque de 2005.

La chanteuse donne un sous-titre à son nouvel opus, «La fauve»: «Dix contes sorciers & quatre chansons réalistes». Du livret aux photos évocatrices jusqu’aux arrangements (piano, cordes, cuivres) de David Hadjadj, c’est un univers aux contours vaporeux auquel on nous invite, et qu’il fait bon fréquenter.

On ne peut que songer aux chansons de Daphné lorsque celle-ci met en exergue à son disque cette citation de Jacques Prévert: «S’il n’y avait que sept merveilles du monde sur la terre, cela ne vaudrait pas la peine d’y aller voir.» Par bonheur, Daphné est un pays à explorer, doucement.

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Traversées (3)

14 novembre 2012

Avant de passer aux choses courantes, je voudrais juste répondre publiquement à quelqu’un qui depuis deux jours se demande, sur le dernier Daphné consacré à Barbara, qui chante avec elle Göttingen. Il s’agit de Jean-Louis Aubert. Les deux autres duos sont Dis, quand reviendras-tu? (avec Benjamin Biolay) et La dame brune (avec Dominique A dans le rôle de Georges Moustaki). Certains spécialistes semblent l’avoir oublié mais une des plus belles interprétations de Ma plus belle histoire d’amour, on la doit à Boris Mégot sur le cd Check-up (c’est un Français, faut lui pardonner un pareil titre).

Le critique musical est-il un raté sympathique, un musicien raté? Et s’il était plutôt un directeur artistique raté? Quelqu’un que l’on payerait pour donner des avis artistiques directement à l’artiste, avant que le mal ne soit fait et public? Quelqu’un qui ne ferait pas semblant d’être objectif et aurait assez de prétention en lui pour diriger un créateur, au risque – terrible – de passer pour un censeur! Ouah! La censure!

Ainsi, à Françoise Hardy qui vient de faire paraître un sympathique disque (L’amour fou), on pourrait la tutoyer (fantasme) et dire: tes collaborations sont intéressantes (Thierry Stremler, Victor Hugo, Pascal Colomb, etc.), le thème amoureux te va à merveille, ta voix languide nous émeut, mais où sont les guitares? Ces six cordes acoustiques qui font ton charme, ta sensualité, qui primaient jadis, on ne les entend plus… Le piano domine, et on y perd. Ça alourdit. Et le directeur artistique dirait aussi: Françoise, on t’aime vraiment bien, mais pourquoi ne mets-tu pas plus de temps pour fabriquer tes albums? Avant, c’était environ 5 ans et maintenant 2? Laisse-toi désirer. Concocte des choses imparables, comme Clair-obscur en 2000.

Que dirait le directeur artistique qui sommeille dans le journaliste à Moran, qui vient de sortir son troisième opus, Sans abri? D’abord, de faire des disques moins longs, car le type de chansons qu’il fabrique, poétiques, exigeantes, requiert une attention de tous les instants. 35 minutes, ce serait suffisant, beaucoup plus efficace. Ça tombe bien: il y a au moins deux morceaux à supprimer là-dessus, qui jurent avec l’ensemble en faisant crisser l’oreille: Lovely God et Ourse. Ensuite, malgré toute l’admiration que l’on a pour le réalisateur Yves Desrosiers (Jean Leloup, Lhasa et un magnifique opus personnel, Volodia), est-il vraiment l’homme de la situation pour colorer les nouvelles chansons de Moran? Il insuffle une énergie rock qui ne cadre pas du tout avec l’intimisme du chanteur. Moran, on l’aime acoustique, sobre, chaud, personnel. On n’a pas vraiment envie de l’entendre parler des problèmes de société, ce n’est pas son rayon. L’art engagé est une pratique casse-gueule, qu’il faut parfois avoir la modestie de laisser aux autres, à nos ancêtres qui y ont excellé: Renaud, François Béranger, Alain Souchon, Paul Piché, etc. Je dirais enfin à Moran qu’il a beaucoup de talent, et que s’il avait laissé Sans abri à l’état de maquettes, il n’en aurait été que meilleur. Suggestion pour la prochaine fois: demande à ton guitariste Thomas Carbou de sortir ses guitares sèches, mettez-vous face à face, juste tous les deux, devant des micros. Enregistrez, mixez, servez chaud.

De petites cantates?

24 octobre 2012

Avant de dire la belle surprise que cause le nouvel opus de Daphné, quelques mots sur les coulisses du métier. Depuis quelques années, les journalistes reçoivent des exemplaires promotionnels des dernières nouveautés quand ce n’est pas tout simplement des mp3, parfois sans livret numérique. Un promo est un objet bizarre, la plupart du temps incomplet: pas de paroles, de crédits, de livret, le strict minimum.

Comment le journaliste consciencieux, amoureux de la musique, peut-il bien faire son boulot à partir des ces vulgaires promos? Il doit juger pour le public un disque qu’il n’a qu’à moitié. Or, un album c’est de la musique mais aussi tout un visuel, une esthétique: la pochette, les photos, la direction artistique…

Ici, c’est l’étiquette Naïve qui nous refait le coup, sabotant le travail de l’artiste et du journaliste (et de l’attaché de presse qui n’y peut rien et nous refile un sous-produit, sans doute aussi navré que nous). Normalement, il faudrait boycotter ces entreprises pingres, qui ne respectent pas l’intégrité d’une œuvre ni le métier de critique musical.

Mais ce serait dommage de pénaliser le public et ces chanteurs alors qu’ils n’y sont parfois pour rien…

Ici, Daphné surprend et séduit, il faut le dire bien haut. On n’attendait rien de ce projet, un énième hommage à Barbara. Pire, beaucoup de chansons choisies ont été ressassées depuis des décennies. Qui veut entendre une nouvelle version d’Une petite cantate; La solitude; Göttingen; Si la photo est bonne?

Et pourtant, ça marche. La chimie s’installe. Daphné chante Barbara, et on y croit. La chanteuse a convié trois personnes pour venir faire des duos: Benjamin Biolay, Dominique A et Jean-Louis Aubert. Ceux qui avaient aimé le magnifique Bleu Venise, troisième opus de Daphné, retrouveront ici sa délicatesse, son raffinement musical, sa sensualité.

Ceci dit, on a déjà hâte que Daphné reprenne le chemin des studios avec, espérons-le, son propre répertoire cette fois.

Le meilleur de 2011

10 décembre 2011

Daphné

Depuis quelques années, il s’agit de ne rien oublier des coups de cœur musicaux. Alors, tout noter, au fur à mesure. Revisiter à l’occasion les mêmes albums, pour savoir si notre avis tient toujours la route, l’usure. La plupart du temps, ça tient encore, sauf pour le dernier opus de Martin Léon qui, passé l’enthousiasme de la découverte, ne laisse pas un grand souvenir malgré toute notre bonne volonté.

Une année 2011 en chanson assez décevante, avec beaucoup de ratés pour de grands artistes (Daniel Darc, Dick Rivers, etc.).

Meilleurs disques

1) Philippe B, Variations fantômes

Chanson métissée. Il fait l’unanimité chez les journalistes, toutes allégeances confondues, mais ne gagne rien au minable gala de l’ADISQ ni au plus indépendant GAMIQ? Qu’importe. Philippe B est un des plus grands artistes québécois actuels et Variations fantômes est immense, d’une richesse réjouissante. Seul hic, une pochette assez quelconque.

2) Daphné, Bleu Venise

Chanson élégante pour piano fragile. Après deux disques assez maniérés et agaçants, on n’attendait rien du troisième Daphné. Et pourtant, quelle claque! Comme une Benjamin Biolay première époque, elle signe des chansons délicates, somptueuses.

3) Richard Séguin, Appalaches

Chansons pour durer toujours, si on veut rendre hommage au titre d’un morceau signé par la récemment décédée Louky Bersianik que chantait Richard Séguin. Voilà un artiste qui ne cesse de grandir avec le temps, avec une maîtrise sidérante de l’art de fabriquer des chansons artisanales. Cet homme, avec plus de quatre décennies au compteur artistique, est un trésor national.

4) Wladimir Anselme, Les heures courtes

Pop de haute volée. Encore un qu’on n’attendait pas, plus de dix ans après un premier album éparpillé. Avec Les heures courtes, Anselme nage dans le romantisme, le foisonnant.

5) Pierre Lapointe, Seul au piano – en concert

Chansons noires pour temps gris. Du piano, rien que du piano. Une voix. Des morceaux crève-cœur. Le deuxième meilleur album de Pierre Lapointe, après La forêt des mal-aimés.

Ça tourne régulièrement

Alex Beaupain, Les bien-aimés

Certes, il y a trois ou quatre chansons, voire cinq, à jeter sur cette trame sonore. Mais on est comme aimanté par elle, le CD revient se lover dans le lecteur fréquemment. Et dire qu’on n’a pas encore vu le film qui vient avec. La sortie DVD est prévue en France pour janvier 2012. Sur les écrans québécois, on ne saurait dire.

Révélation / espoir

Antoine Corriveau / Salomé Leclerc

Deux artistes québécois qui ont lancé un premier disque qui augure du meilleur pour la suite de leur carrière. L’un en indépendant, l’autre soutenue par la grosse machine d’Audiogram.

Révélations un peu trop tard

De Calm, Le film définitif…

Bande originale chantée d’un film imaginaire. Quelques semaines après la sortie de son premier disque, le chanteur de De Calm m’écrit un courriel. Machinalement, je vais écouter des extraits sur Internet. Une chanson hyper accrocheuse attire mon attention : L’envie d’écouter Miossec. Dans la foulée, le désir de tout entendre, d’y revenir, d’aimer, parfois ébloui.

Philémon Chante, Les sessions cubaines

Pour une fois, vous pouvez vous fier aux branchouilles, aux snobs et aux plumitifs de la scène locale. Ils encensent cet album qui le mérite grandement. Sorti une première fois en indépendant en 2010, repris par Audiogram quelques mois plus tard, ce sont de superbes chansons mélancoliques fabriquées par un Québécois, d’une langueur nourrie par les musiciens cubains. À noter qu’on peut trouver en téléchargement payant un maxi de 6 titres titré «EP 2008» qui contient quelques-unes des chansons de l’album, enregistrées cette fois au Québec.

Les plus surévalués

Richard Desjardins, L’existoire

Brigitte Fontaine, L’un n’empêche pas l’autre

Daniel Darc, La taille de mon âme

La pire reprise

Juliette et François Morel, Parachutiste (album hommage à Maxime Le Forestier, La maison bleue)

Plus discrète et belle collaboration

Daniel Lavoie et Louis-Jean Cormier sur J’ai quitté mon île (album de réenregistrements J’écoute la radio de Lavoie)


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