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Belliard, pour la suite du monde

29 avril 2020

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Avec quelques mois de retard, paraît enfin le Tome VI des «Légendes d’un peuple» d’Alexandre Belliard, chez Les Disques Gavroche, conjointement avec Septentrion. Tout est là: gavroche, probablement pour saluer l’importance capitale du chanteur parisien Renaud. Et au verso du livre, on peut lire: «Édité et imprimé au Québec». Le chanteur vit au coeur de ses racines québécoises, et célèbre avec ses Légendes la francophonie de partout.

Dans une volume précédent, Belliard faisait chanter à Paul Piché: «Si l’indépendance n’est pas faite/C’est qu’elle sera toujours à faire». Émouvante confession, rêve frémissant. Dans ce sixième tome, Belliard rend carrément hommage à son aîné en lui consacrant toute une chanson, Enfin le printemps. Et ça nous chauffe la couenne d’entendre une pareille chose. À qui appartient le beau temps? Aux créateurs de cette trempe. Pour la suite du monde, on a besoin d’eux.

Tout au long des onze morceaux de ce disque, Belliard salue Pauline Julien, Leonard Cohen, Serge Bouchard, mais également Simon Bolivar ou Jeanne Mance. Le propos est certes éducatif, mais il en résulte d’abord et avant tout de bonnes chansons. On apprécie encore une fois le travail des musiciens, Hugo Perreault en tête. Parmi les invités spéciaux, notons Richard Séguin, Jorane, Daran et même Jean-Martin Aussant! Par contre, faire chanter des enfants, est-ce indispensable? Heureusement, ils ne sont pas là souvent et restent assez discrets.

Il ne faudrait pas oublier le bouquin, puisque c’est un livre/cd. Bel objet, richement illustré: dessins, manuscrit, photos. Écrit par Belliard avec la collaboration, pour un texte chacune, de Monique Giroux et Catherine Pogonat. On présente les chansons, on remet dans le contexte. Et le plus émouvant, c’est lorsque Belliard se raconte lui-même dans quelques pages autobiographiques. On a envie d’être dans ces scènes qu’il raconte sobrement.

En terminant, je vous propose mon entretien resté inédit avec le chanteur.  Réalisé en juillet 2019,  on y évoque sa nouvelle tournée, ses sources d’inspiration et sa manière de travailler…

Chansons régionales

Le Johannais Alexandre Belliard pose ses valises le temps d’une série de six spectacles thématiques. Avec Légendaires et immortels, il racontera en chansons folks-pop la grande épopée des francophones d’Amérique. Première escale : Les grandes espérances, avec Patrice Michaud en invité spécial.

En 2012, le chanteur lançait un premier album de «Légendes d’un peuple», original projet d’envergure, et qui se poursuivra dans les prochains mois avec un volume 6 (cet automne) et 7 (vers le printemps 2020). «Pour Légendaires et immortels, j’ai décidé de recouper par thématiques les chansons sur lesquelles j’ai travaillé depuis quelques années. Je vais regrouper des personnages. C’est la première fois que je fais ça, ce sera six spectacles différents. Parce que sinon, c’étaient toujours les mêmes chansons qui revenaient dans mes spectacles, avec les personnages plus flamboyants, alors que d’autres passaient sous le radar. Mais là, je voulais faire une fresque avec l’ensemble des personnages. J’habite à Saint-Jean maintenant, je voulais développer une résidence ici. J’avais envie de travailler localement. Je voyage beaucoup, c’est super cool d’aller chanter en Colombie ou au Mexique, mais c’est important aussi de parler au monde à côté, que tu côtoies, rencontrer les jeunes de la région.» Belliard célèbrera les personnalités johannaises avec, entre autres, une chanson sur le joueur de baseball et animateur Claude Raymond!

Pour le coup d’envoi, ce sera Les grandes espérances : «Ça raconte la fondation de la Nouvelle-France, de Montréal, de Saint-Jean… avec Champlain, qui est le premier Européen à avoir remonté la rivière dite aux Iroquois. Je vais parler du développement de la région à travers ces personnages-là, comme Charles Le Moyne, second baron de Longueuil, à qui appartenaient les terres de la Rive-sud et de la Montérégie pratiquement au complet… Parmi mes recherches, j’ai lu le livre « Regard sur 350 ans d’histoire de Saint-Jean-sur-Richelieu », il m’a donné un résumé de l’histoire locale : les nomenclatures différentes de la rivière Richelieu, la fondation des forts… ça va jusqu’à Gerry!», s’amuse-t-il en faisant référence au chanteur d’Offenbach! L’artiste se promène aussi dans la région pour s’inspirer des lieux, apprendre sans cesse : musées, bunker de Lacolle, fort de l’Île-aux-noix, etc.

«Dans la conception du spectacle, je voulais aussi impliquer la population. Alors j’ai donné cinq ateliers d’écriture auxquels j’ai convié les gens d’ici : on écrivait des chansons sur des personnages. Je passais deux heures par semaine avec eux, c’était vraiment cool. Mon objectif secret, c’était qu’un de ces textes-là se rende jusqu’au spectacle. Même si je ne pouvais pas leur dire tel quel, j’espérais avoir un texte, le mettre en musique et le chanter. Et c’est arrivé ! Il y en aura une ! Écrite par une citoyenne d’ici !» Mais on avance trop vite, car cette chanson sera interprétée seulement en mars, dans le cinquième et avant-dernier concert.

Au téléphone avec Alexandre Belliard, pas facile de garder une route bien balisée par des questions préparées d’avance : on bifurque, on revient, et on s’éloigne… Lorsqu’on lui recommande le bouquin «Apparence» d’un autre écrivain du coin, Jacques Boulerice, il se dit content qu’on le sorte un peu de ses obsessions historiques. Le chanteur ne se plaint pas, il en est heureux, mais il reçoit quand même beaucoup de suggestions de chansons, des biographies, etc. Des appels à témoigner. On le sait, mais on ne pourra pas s’empêcher d’y aller avec notre propre suggestion: Pierre Foglia. Notre immortel chroniqueur.

Pour Les grandes espérances, Belliard a convié Patrice Michaud à venir chanter Paul Chomedey de Maisonneuve, comme il l’avait fait sur Légendes d’un peuple – le collectif (2014). Michaud aura aussi l’occasion d’interpréter une chanson personnelle. On n’a pas demandé laquelle, ce sera une surprise.

Francis Hébert

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Traversées (4)

23 septembre 2016

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On avait laissé Daniel Lavoie en 2014 avec le splendide projet biscornu «La licorne captive», le revoici avec un opus très personnel, «Mes longs voyages», en forme de bilan. Ici, l’homme de 67 ans interprète tout en finesse et sobriété ses propres nouvelles chansons, parfois écrites avec l’aide de Moran, de Patrice Guirao ou pigées dans le répertoire des autres pour leur rendre hommage (Léo Ferré, Félix Leclerc et même Alain Bashung!). Lorsqu’il emprunte à Allain Leprest Une valse pour rien, la nette diction du chanteur nous fait redécouvrir cette merveille qu’on connaisait pourtant bien. Parmi d’autres beaux moments, mentionnons l’émouvante Maman chantait les feuilles, que Lavoie signe seul. C’est un album doux, lent, enveloppant, dans lequel il fera plaisir de se lover les jours d’automne et d’hiver.

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Pour répondre aux couleurs crépusculaires de ce Daniel Lavoie introspectif, on peut aller faire un tour du cöté du Québécois Sébastien Lacombe qui, depuis deux albums, métisse ses chansons de sang africain avec une grande réussite. «Territoires» (2012), le précédent, était épatant, et pouvait s’écouter en boucle. «Nous serons des milliers» en est le prolongement, et en prime un peu de reggae qui s’intègre harmonieusement. Pas de dissonance. Lacombe sait aussi y faire en formule dépouillée, avec une guitare en bois et une tendresse dans le chant (très jolie Mélodie). À l’instar de Martin Léon, Lacombe pratique une chanson détendue, rythmée, et que l’on ne peut résumer autrement que par «cool». C’est tout le corps qui se trémousse, en liesse, et sans négliger un propos socialement engagé, mais sans lourdeur. Deux chanteurs solaires.

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Alexandre Belliard, lui, est plus sérieux. On apprécie sa chanson politque et historique, un cycle qu’il poursuit depuis longtemps avec les «Légendes d’un peuple», dont arrivent d’un coup les volumes 4 et 5. Ils sont disponibles en livre-cd ou en cd de type promo avec une simple pochette en carton hélas sans livret et sans crédits détaillés. Fidèle, Belliard reconduit la même équipe avec en tête Hugo Perreault. Pas de réelle surprise ici, juste de l’ouvrage bien fait, des chansons gossées à la main avec soin, qui évoquent l’histoire des francophones d’Amérique, qu’ils soient connus ou non, morts ou vifs. Si l’ensemble est de belle facture, avec beaucoup de guitares acoustiques et quelques touches de piano, on peut avoir une affection particulère pour le salut à Jacques Parizeau et son pays à bâtir. Seul dans son créneau, il y a dans cette série un côté pédagogique indéniable. Qu’il en soit encore une fois remercié pour ce boulot monumental. Mais ceux qui ont également de la mémoire se rappelleront que Belliard, avant d’être le chantre de l’Histoire, était un jeune auteur-compositeur prometteur (2005-2010). Le temps est-il venu de ranger les cahiers d’école et retremper sa plume dans une encre plus personnelle? Ne serait-ce que pour se remettre en danger. Il sera toujours temps de reprendre les Légendes là où il les a laissées, comme un ancrage.

Francis Hébert

Veillées de légendes

10 février 2015

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Depuis 2012, l’auteur-compositeur-interprète québécois Alexandre Belliard détient un bon filon qu’il exploite à merveille, fiévreusement et humblement: raconter l’histoire des francophones d’Amérique. Le sillon est riche, profond et salutaire. À ce jour, trois tomes de «Légendes d’un peuple» sont parus sous son nom et un quatrième qui reprend ce répertoire par la bouche de différents interprètes d’ici.

«Légendes d’un peuple – le collectif» démarre donc sa tournée de nos terres, et la première montréalaise ce soir au Théâtre Outremont était à la hauteur des espoirs. Quelque chose comme un grand spectacle rempli de ferveur, où tous les artistes qui ont foulé les planches cherchaient à contribuer au projet commun, pas à s’attirer la lumière.

C’est Stéphane Archambault flanqué de sa camarade de Mes Aïeux, Marie-Hélène Fortin, qui débutent la soirée. Ensuite, Archambault présente la genèse des Légendes d’un peuple et son créateur, Alexandre Belliard. Celui-ci faisait office de maître de cérémonie, venant présenter les chansons, les remettre en contexte. Parfois, un bout de document vidéo venait illustrer un propos. C’était parfait. Une veillée de chansons historiques et belles, chantées par des artistes de premier plan. Tous transcendés par le bonheur, manifeste, du boulot bien ouvragé.

Vallières chante un hommage au poète Denis Vanier. Jorane qui s’accompagne à la harpe. Éric Goulet, Alexandre Désilets qui brassent les décibels. Mara Tremblay, Salomé Leclerc, touchantes. Paul Piché qui vibre pour une indépendance toujours à faire. On pourrait tout citer. Jusqu’au groupe de musiciens qui soutenait les interprètes. L’indispensable Hugo Perreault à la guitare et à la direction musicale. Salomé qui s’occupait aussi des percussions, Goulet du piano, basse, guitare… La mise en scène sobre et efficace de Yann Perreau, également chantre de Riel.

Voilà des veillées précieuses. En sortant, outre l’envie de s’en offrir une autre dose au cours de cette tournée, on pense: «Bon, on se le fait, ce pays?». Et de nouveau, on se dit à la prochaine fois. D’autant que les tomes 4 et 5 sont en préparation.

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Légendes d’un peuple – le collectif

En tournée au Québec et sur cd.

Chants de l’Amérique francophone

29 octobre 2013

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Avec le tome 3 de ses «Légendes d’un peuple», Alexandre Belliard continue son œuvre de salubrité publique. Au lieu de gratter ses propres plaies, de nous parler des détails du quotidien, l’auteur-compositeur-interprète québécois a choisi un angle plus vaste, dressant un panorama des francophones d’Amérique.

Engagé, certes, mais à raconter notre Histoire, notre pays. À réveiller nos désirs d’indépendance. Il y a de quoi faire ricaner certains plumitifs chers collègues, qui n’ont sans doute que faire de la langue française, ni du pays à bâtir.

Belliard le fait avec conviction, avec modestie. À l’instar d’un Gilles Vigneault ou Félix Leclerc, il s’approprie notre territoire. Il reprend le flambeau pour chanter notre Histoire, avec ses traités, ses personnages importants. Sur ce troisième volume, il rend un bel hommage, émouvant, à Paul Rose dans La maison du pêcheur.

Il est à contretemps, à rebours d’une époque qui célèbre l’insignifiance, les babillages. Ça lui ouvre les portes des écoles, des routes d’Amérique pour présenter des chansons, des idées, qu’il est le seul à défendre de cette manière, à la fois fervente et humble. Seule Les lèvres ouvertes est un peu trop scolaire pour qu’on l’aime vraiment.

Mais au-delà de cette grandeur, Belliard réussit le pari de ne pas faire que de la pédagogie, mais un plaisir ludique. Ses guitares, sa voix, donnent à entendre de bonnes chansons, point final. Coup de chapeau au guitariste Hugo Perreault pour sa belle réalisation et ses arrangements efficaces.

Cette fois-ci, Belliard est épaulé par la voix de Chloé Sainte-Marie sur un titre, par la plume du poète/politicien Gérald Godin, d’Anne Hébert, Jean-Paul Daoust, en plus de la sienne évidemment. Il reprend le morceau qu’il avait écrit en hommage à Denis Vanier, La star du rodéo.

Au moins cinq tomes de Légendes sont prévus. Et il espère aussi sortir un opus de reprises de Renaud – on attend ça avec impatience. Longue route à Alexandre Belliard.

N.B. Le CD est également disponible en format livre/disque avec des textes de présentation de l’historien Gilles Laporte, mais attention cette version ne contient pas la liste claire des titres et des musiciens de la galette, glissée dans la couverture. Une lacune importante à réparer pour la prochaine fois. Parce que le disque, c’est le cœur de l’ouvrage, pas un simple accompagnement. Des infos qui se retrouveront, on l’espère, sur le site du chanteur.

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Alexandre Belliard, Légendes d’un peuple – tome 3 (Les Disques Gavroche)

Rebonds

18 décembre 2012

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Pour ouvrir des fenêtres. Par curiosité. Parce qu’on ne peut pas être partout, tout le temps. En guise de complément à mon palmarès de l’année, j’ai donc demandé ceci à quelques-uns de mes lauréats : «J’aimerais savoir quel a été votre coup de coeur musical francophone en 2012. Ça peut être un disque récent ou au contraire un vieux disque que vous ne connaissiez pas et que vous avez enfin pu découvrir. Québécois, Français, mort ou vivant, aucune importance.»

Voici leurs réponses (par ordre alphabétique). J’ai demandé à Alexandre Belliard de me donner un autre choix car Florent Vollant n’était pas vraiment franco. J’ai gardé le début du message parce que je le trouvais intéressant. Et tant pis si c’est de la triche!

Je tiens à les remercier pour leurs réponses.

Alexandre Belliard :
Zachary Richard, Bayou des mystères (1976)

Cette année j’ai écouté beaucoup, beaucoup d’albums, comme chaque année, de Placard à Chloé Ste-Marie, de Katerine et ses peintres à mon éternelle passion pour Renaud, mais je suis de façon récurrente revenu aux albums de Florent Vollant et plus particulièrement de son album Eku Mamu. Tellement sincère, tout près de nous, mélodique, enveloppant et en prime…. le rêve d’une poésie inaccessible que par le coeur. Tout un artiste!

Depuis mon périple de 11 500 km à travers l’Amérique au côté de mon paternel au mois d’octobre dernier, j’écoute avec acharnement l’album Bayou des mystères de Zachary Richard. Ça me rappelle les couleurs et les saveurs de la si belle Louisiane. Ça danse, ça sent les racines, l’histoire et la fête! Un grand monsieur ce Zachary!

Thierry Bruyère :
Montagnes russes, mini-tsunamis (maxi 5 titres ; 2011) d’Émilie Proulx

Pour moi, c’est une défricheuse comme les soeurs McGarrigle l’ont été pour mes parents. Sa façon d’aborder nos doutes et nos mal-aimés me renverse. Quand elle chante «Au fond c’que j’aime pas quand j’y pense / C’est surtout mon ambivalence / Mon visage flou comme le Québec / Américaine et pas pantoute», elle parle de mon propre combat. Elle est anglophile et se réclame simultanément d’une américanité francophone. Je sais, en l’écoutant, qu’il faut mettre la main à la pâte en français.

Louis-Jean Cormier :

Mon coup de coeur franco de 2012 est Astronomie d’Avec pas de casque pour la richesse de sa poésie. Des textes qui rendraient jaloux Miron et qui nous donnent le goût d’écrire… Mieux.

Domlebo :

J’ai pas mal écouté Marie-Pierre Arthur. Mes Aïeux ont sorti un disque avec plusieurs chansons très très bonnes. C’est Amylie par contre avec Le royaume qui gagne cette année. La réalisation, la lumière des textes, sa voix absolument charmante, les rythmes, les thèmes, une douce poésie féminine et pacifiante. Je ne l’avais pas haïe avec ses premières chansons et en spectacle mais là, wow!

Thomas Hellman :
Montagnes russes, mini-tsunamis (maxi 5 titres ; 2011) d’Émilie Proulx

J’adore le côté atmosphérique, douce mélancolie et poésie. Émilie a un son et un univers qui lui appartiennent entièrement. Elle est à mille kilomètres de toutes ces chanteuses avec de fausses voix naïves de petites filles que je ne peux plus supporter.

Sébastien Lacombe :

Mon coup de coeur musical de 2012 est un disque que j’ai redécouvert pendant mon travail de studio, je l’écoutais beaucoup pour me mettre dans une ambiance. Bleu Pétrole de Bashung, pour son côté tragique et surtout pour la chanson Vénus, un bijou d’arrangement, un disque que j’avais oublié et que je redécouvre cette année. Première à éclairer la nuit, Vénus…. La profondeur de ce disque est grandiose.

Léonard Lasry :

Cette année, contrairement aux années passées, j’ai eu beaucoup moins de coups de coeur pour des nouveautés francophones. J’en profite alors pour parler d’un album que j’aime toujours autant au fil des ans, il s’agit de l’album éponyme de Bruno Maman (2005).

C’est pour moi un très grand album avec des très grandes chansons… La production y est grandiose, elle est d’ailleurs signée Alain Goraguer, un des meilleurs arrangeurs-réalisateurs des années 60-70. Elle est à la fois classieuse, riche (grand orchestre) et inventive.  Je me rappelle avoir découvert cet album à sa sortie et être tombé immédiatement «d’accord» avec tout ce que j’entendais, le choix des mots, les mélodies, le son, les partis pris…Parmi mes préférées : Cain sans Abel, Naïf, Aujourd’hui efface hier, De chez toi à chez moi ou la très belle Le marchand de fleurs… En bref, je ne manque jamais de parler de cet album, trop injustement méconnu à mon avis…

Tristan Malavoy :
André Dédé Vander – French toast et peines perdues (2012)

Je connaissais bien sûr le Vander mouture Colocs, je connaissais aussi le type un peu bourru mais sympa croisé un soir sur une scène de Dub & Litté, ce «sound system littéraire» qui avait bien fait groover mes poèmes. Je connaissais beaucoup moins le Vander ACI, découvert vraiment avec French toast et peines perdues, très bel album paru en mars dernier. On se régale de sa version de la Marie-Jeanne de Dassin; on goûte au moins autant les chansons de son cru, textes bien tournés posés sur des musiques folk et reggae. J’aime.

La ligue des champions

13 décembre 2012

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L’année 2012 en chansons francophones. Voici les meilleurs joueurs. D’ici quelques jours, je publierai un autre billet pour dévoiler les coups de cœur de la plupart de ces lauréats. À suivre.

Meilleurs albums

1) Sébastien Lacombe, Territoires

2) Élisa Point & Léonard Lasry, L’exception

3) Thomas Hellman chante Roland Giguère

4) Tristan Malavoy, Les éléments

5) Daran, L’homme dont les bras sont des branches

La plus belle surprise / le plus original

Domlebo, Chercher noise

Merveilleusement et bellement hors du temps

Alexandre Belliard, Légendes d’un peuple tomes 1 et 2

Espoir

Thierry Bruyère, Le sommeil en continu

Meilleure chanson

Louis-Jean Cormier, Un monstre (paroles et musique de LJ Cormier)

Rééditions

Julien Clerc, coffret L’essentiel (13 cd)

Renaud, Intégrale studio (18 cd)

Les plus nuls

Raphaël, Super-Welter

Benjamin Biolay, Vengeance

Maintenir le cap

25 novembre 2012

En 2009, Claire Pelletier publiait Six, un album de toute beauté, un des meilleurs de l’année. Un choc. Sa voix somptueuse, bien sûr, mais aussi sa solide équipe d’auteurs-compositeurs: Marc Chabot, Sylvie Massicotte, Michel X Côté, etc. Sans oublier naturellement le metteur en son, compositeur et fidèle Pierre Duchesne.

La voici qui revient avec Soleil ardent. Les attentes sont élevées. D’entrée de jeu, on ne peut qu’être déçu que la chanteuse ait choisi de replonger dans le répertoire traditionnel de France et du Québec plutôt que d’offrir une vraie suite à Six, avec des chansons originales. Il faut donc un peu s’accrocher au début. Réécouter. Prendre son temps. La laisser s’épanouir.

Et l’enchantement s’immisce peu à peu. Parce que c’est elle, que la pureté de son talent nous colle des frissons irrépressibles. Sur Soleil ardent, l’interprète continue de convoler en justes noces artistiques avec Pierre Duchesne qui signe de nouveau une réalisation toute en finesse, entre instruments (guitares, piano, etc.) et effets électroniques élégants.

Il y est beaucoup question de la condition féminine à travers les âges, d’amour, dans ces vieilles chansons que Claire Pelletier sait rendre envoûtantes. Duchesne, lui, sait en gommer les aspérités les plus flagrantes du temps.

Une réussite.

Réussi aussi, le nouvel album d’Alexandre Belliard. Il nous offre le tome 2 de ses Légendes d’un peuple, neuf mois après le premier (mon billet). C’est la même bande qui revient: Hugo Perreault réalise et joue, avec comme autres musiciens Richard Séguin, Éric Goulet, Guido del Fabbro, Philippe Brault… Le dyptique aborde le thème des francophones au Québec et en Amérique. De l’Histoire en chansons. Pédagogique, certes, mais aussi très agréable à écouter. Avec beaucoup de guitares acoustiques.

Rêver à l’automne

31 juillet 2012

Louis-Jean Cormier

Quelques événements à souligner pour l’automne:

-le très attendu premier album solo du chanteur de Karkwa, Louis-Jean Cormier.

-le troisième opus original de l’auteur-compositeur-québécois Éric Bélanger. Chansons poétiques et délicates de haut niveau.

-le tome 2 des Légendes d’un peuple d’Alexandre Belliard.

-de la grande visite à Montréal: Anne Sylvestre sera au Théâtre Outremont le 28 septembre 2012. Un tour de chant où elle sera accompagnée d’un seul pianiste, une formule qui lui sied à merveille.

-on annonce aussi un nouveau Françoise Hardy pour novembre, en espérant qu’il sera meilleur que sa récente production…

En marge

23 juillet 2012

On a besoin d’un gars comme Alexandre Belliard, auteur-compositeur-interprète québécois de talent, qui préfère fréquenter les marges de la chanson, plutôt que les autoroutes de la mode. Ainsi, son succès est modeste, mais peut-être sera-t-il plus durable et ira-t-il en grandissant.

Paru cet hiver, son quatrième album mérite un grand coup de chapeau par son originalité et sa force tranquille. Avec Légendes d’un peuple – tome 1, l’artiste se propose de raconter des tranches de l’Histoire du Québec avec quelques-uns de ses personnages importants. Belliard salue René Lévesque, chante les mots de Louis Fréchette, Joséphine Bacon, Michèle Lalonde, François-Xavier Garneau, etc. Il célèbre les terres québécoises.

Ce qui aurait pu ressembler à un mortel pensum se transforme plutôt en un solide opus poétique, artisanal, avec de belles guitares acoustiques. Ça rappelle parfois les 12 hommes rapaillés. La réalisation et les arrangements ont été concoctés par Hugo Perreault et Alexandre Belliard. Parmi les musiciens, on trouve Richard Séguin et Éric Goulet.

Seul problème de ces disques artisanaux, faits avec coeur mais sans moyens financiers dignes d’un tel projet, c’est la pauvreté de la pochette. Pour retrouver les paroles et les crédits artistiques en détails, il faut consulter le site Internet.

Pour le reste, on peut remercier Belliard de continuer sa route en artisan dévoué, vibrant d’humilité, et de prendre les chemins les moins fréquentés. Sa démarche est nécessaire.

C’est le tome 1, et si on l’a bien compris, on est en train de lui dire: à la prochaine fois.


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