En terrain pop

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À l’époque où on aimait encore la pop québécoise, on pouvait se repasser Daniel Bélanger pour rêver mieux, Marc Déry (Ça fait longtemps) ou le Dumas du formidable «Le cours des jours». Un peu d’électro-pop mélodieuse, ça se chantait, ça battait la mesure. On aurait presque pu danser dessus.

Et puis en 2005 paraissait «Variations sur le vide», le second album de Jean-François Fortier, après un premier guère convaincant. Emballé, j’écrivais le 2 février 2006 dans les pages du Voir: «La scène locale québécoise se porte on ne peut mieux, et l’année 2005 fut riche en albums jouissifs, fignolés, bricolés à mains nues, souvent en solitaire: les Monsieur Mono, Philippe B., Carl-Éric Hudon nagent dans le folk, le rock, le country et la chanson proprement faite. Mais lorsque l’on parle de pop, subtil mélange de tout cela, de variétés et d’expérimentations, on pense Beatles, Étienne Daho et… Jean-François Fortier. Fortier sait mieux que quiconque en nos terres fabriquer de grandes chansons pop.»

Pour souligner les quinze ans de cet opus important réalisé par Éric Goulet, Fortier (également prof de guitare) a décidé de le rééditer, en y apportant quelques modifications. D’abord, on sursaute: est-ce bien nécessaire? Ne vaudrait-il pas mieux le réimprimer à l’identique? On part donc d’un a priori négatif, mais lorsqu’on écoute la version finale, on est conquis.

Tout a été pensé pour une édition en vinyle, avec une face A et une face B. Une logistique différente. L’ordre des chansons a donc été modifié dans cette optique. L’exaltante Space Cadette, une des meilleures chansons du disque, déménage à la fin de l’album. Comme moi, vous ne savez pas ce qu’est une «space cadet»? Pour le savoir, rendez-vous sur cette page où Fortier donne une foule de détails sur cette réédition et sur sa conception. En prime, il nous montre ce qui était prévu comme pochette originale.

Et au bout du compte, cette nouvelle mouture est meilleure que l’originale, plus cohérente. Fortier a viré l’exaspérant dernier morceau (Variation sur le vide 2), il a ajouté une bonne inédite (Une place) et il a un peu tripatouillé L’effet.

Dans la version numérique, vous retrouverez la chanson Faut que j’change, mais pas sur le 33-tours. Tant mieux car c’était la plus faible du lot, trop répétitive, et dont l’esprit un peu psychédélique ne collait pas avec le reste. À la dernière minute, il a aussi inversé sur le microsillon les chansons Quand je suis à côté de moi et 1560 jours. Un boulot de passionné méticuleux.

Avec cette réédition, «Variations sur le vide» scintille de nouvelles couleurs. On reste pantois devant sa délicatesse pop.

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En écoute intégrale sur sa page Bandcamp.

L’édition vinyle est disponible en primeur chez le disquaire Le Vacarme (rue Saint-Hubert, Montréal). Normalement, on trouvera un code pour télécharger la version numérique. On peut espérer qu’il s’exportera ailleurs rapidement.

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Une Réponse to “En terrain pop”

  1. Victorino Ruiz de Azúa Says:

    Merci beaucoup. Très agréable découverte.

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