Nino

Nino-Ferrer

 

À l’été 1998, Nino Ferrer décidait de nous quitter, pour de bon cette fois, après avoir fui le grand public et le milieu artistique. Il voulait vivre en marge, et il nous laisse une brassée de grandes chansons mélancoliques (Ma vie pour rien; C’est irréparable; La rua Madureira; Oerythia; L’inexpressible; etc.) et des microsillons prodigieux (pour les meilleurs, citons «Enregistrement public» 1966; son chef-d’œuvre de rock progressif «Métronomie»; «Nino Ferrer & Leggs»; «Nino and Radiah»; «Blanat»; et enfin «Ex-libris»). Et ne boudons pas nos plaisirs primaires avec des bulles de savon humoristiques comme Les cornichons; Oh! Hé! Hein! Bon!; Madame Robert

À l’occasion de ce funeste anniversaire, l’éditeur «Le mot et le reste» publie «Nino Ferrer: un homme libre». C’est la deuxième fois qu’Henry Chartier consacre un ouvrage au chanteur. Chartier n’est pas à proprement parler un expert en chanson française. Il se présente plutôt comme «spécialiste des musiques actuelles». On lui doit des livres sur John Lennon, Serge Gainsbourg, Kurt Cobain, Christophe ou sur… le rock satanique. Ce qui peut faire peur, admettons-le. Au bout du compte, il analyse le travail de Nino de manière parfois fine, avec force détails (quelques fois trop), et en d’autres occasions superficiellement, multipliant les références culturelles pédantes et surtout inutiles. Et on ne parle même pas des comparaisons boiteuses entre Ferrer et ses collègues.

Cependant, l’important est ailleurs: dans l’énergie et la passion que met Chartier pour nous faire redécouvrir et approfondir le parcours de Nino. Il décrit la vie privée du chanteur, jusque dans des détails très intimes sur ses mœurs amoureuses. Mais ça aide à comprendre l’homme et l’oeuvre. Il s’appuie sur de nombreuses entrevues et textes de Ferrer ainsi que sur des entretiens réalisés avec ses proches et collaborateurs. Il explore longuement la carrière internationale de l’artiste, particulièrement en Italie. On retrouve également une discographie très riche, mais qui oublie quand même de citer le cd hommage à Nino Ferrer enregistré par des artistes québécois (ma critique d’origine ici).

Touffu, son bouquin est un bon complément à la bio de référence («Nino Ferrer, du noir au sud» de Christophe Conte et Joseph Ghosn, qu’on aimerait bien voir rééditée en poche, actualisée).

Chartier dresse le portrait d’un artiste fantasque et colérique, amusé et désabusé.

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