Changer d’air

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Depuis quelques années, les vinyles font un retour, même si personne ne semble en connaître l’orthographe en français. En France, on dit des LP (pour long play), qu’on traduit bêtement au Québec en l’horrible long jeu. Personnellement, je préfère le joli mot microsillon, qui a un côté désuet comme l’objet qu’il nomme. À l’heure du numérique, où on achète ou vole des albums en mp3 sur la toile, ce retour à l’objet a un petit côté apaisant. Dans nos tavernes modernes, on a encore besoin de choses palpables.

On a beau pester contre cette mode du vinyle, trouver que c’est peu pratique à trimballer, qu’on peut difficilement sauter des morceaux, il existe des artistes qui en font quelque chose d’imparable. Quand on reçoit par la poste un aussi bel objet que le nouvel album de Naïm Amor, en format 33 tours au vinyle rouge (voyez les photos, quelle gueule ça a !), quand on l’écoute pour constater qu’il n’y a aucun besoin de sauter des titres car tout est bon, on jubile. C’est réjouissant de retrouver Amor dans cet opus qui métisse chansons en français, en anglais (exil oblige) avec des instrumentaux planants, qui nous rappellent que le compositeur signe occasionnellement des trames sonores pour les oreilles.

En novembre 2007, l’auteur-compositeur-interprète venait à Montréal pour le Coup de cœur francophone, et j’écrivais dans les pages de l’hebdomadaire Voir à propos de son cd «Sanguine» : «Ce très bel album de Naïm Amor est difficile à décrire, bien qu’il dégage un parfum entêtant, un climat feutré. On pense à Gainsbourg période Confidentiel, à ce jazz délicat à base de guitare électrique doucement caressée. Ce sont des chansons atmosphériques et fragiles qui sont réunies sur cet opus réalisé par Joey Burns de Calexico. Le Parisien Amor s’est exilé à Tucson en Arizona (à qui il consacre un magnifique morceau) et ça s’entend dans ce métissage de pop américaine et de pop française, avec une élégance qui ne le quitte jamais. Au milieu de ses propres compos, il reprend le sensuel Sanguine de Prévert.» (3, 5 étoiles sur 5).

On peut prêter les mêmes adjectifs élogieux au nouveau disque, «Hear the Walls» (le vinyle vient avec un code de téléchargement des mp3). La seule chose qui change, c’est la prépondérance de l’anglais, mais sans l’accent franchouillard qui choque habituellement nos oreilles nord-américaines. Les mots, chez lui, sont avant tout, même en français, une texture sonore, ils gardent une souplesse, on les effleure à peine. Langoureux et exaltant, voilà un 33 tours qui risque de tourner régulièrement. Comme un bénéfique changement d’air, de climats musicaux.

Un extrait du 33 tours ici…

Le site de Amor c’est là…

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