Posts Tagged ‘La chanson perdue’

La chanson perdue (2)

18 mai 2016

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Poursuivons cette rubrique inspirée par celle des confrères de Crapauds & Rossignols. Aujourd’hui, l’écrivain-voyageur suisse Nicolas Bouvier. Dans «L’usage du monde» (1963), en balade du côté de la Serbie, on peut lire ceci à la page 47:

«Quand ce fut terminé, il se leva et se présenta à la ronde avec beaucoup d’aisance; il voulait chanter lui aussi, des chansons hongroises. Il relevait le gant, il daignait concourir. Nous n’avions plus de bande? aucune importance; c’est juste chanter qu’il voulait. Il défit la brisure de son col, posa les mains sur son chapeau et entonna d’une voix forte une mélodie dont le déroulement, absolument imprévisible, paraissait, une fois qu’on l’avait écouté, parfaitement évident. La première parlait d’un soldat qui au retour de la guerre se fait pétrir une galette «blanche comme la chemise de cet homme», la seconde disait:

-Le coq chante, l’aube apparaît
Je veux à tout prix entrer dans l’église
Les cierges brûlent depuis longtemps déjà
Mais ni ma mère ni ma soeur ne sont là
On m’a volé les anneaux de mariage…

Tout à sa chanson, le vieux prit un visage lamentable pendant que les Tziganes se balançaient en ricanant, comme s’ils étaient pour quelque chose dans cette disparition.»

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La chanson perdue (1)

25 mars 2016

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Sur leur blogue, mes confrères de Crapauds & Rossignols ont une rubrique «La chanson pêchée à la ligne» dans laquelle ils citent l’irruption d’une chanson ou d’un chanteur dans un bouquin, de préférence littéraire. J’ai trouvé l’idée si belle que j’en ouvre une à mon tour, que j’intitulerai «La chanson perdue», en référence à un titre de Pierre Mac Orlan & Philippe-Gérard chanté par Germaine Montéro et Yves Montand. Commençons donc par Paul Léautaud qui note dans son journal le 13 mai 1920:

«Je me souviens très bien de cette maison, au no 14, où une locataire chantait chez elle, fenêtre grande ouverte, sans se montrer, une romance à la mode qui me revient, et que j’allais écouter, immobile sur le trottoir.

Le rossignol, Mignonne, n’a pas encore chanté
Brune joli-ie
Ô mon ami-ie
Ô mon ami-ie
Ce n’est pas l’heure des adieux
Laisse-moi vivre
Que je m’enivre
Que je m’enivre
De tes jolis yeux bleus.
» (p. 332)


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