Posts Tagged ‘Domlebo’

Traversées (7)

25 janvier 2020

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Voilà, c’est ainsi que Jofroi termine son essentiel travail de réédition de ses albums originaux avec deux cd d’un coup. D’abord, le meilleur de toute sa carrière: «L’odeur de la terre» paru en 1978 (et non en 1977 comme l’indique la pochette). Ceux qui goûtent les arrangements dépouillés d’un Maxime Le Forestier sur l’opus «Saltimbanque» devraient se régaler ici dans cette formule acoustique: guitare sèche, contrebasse, accordéon, flûte traversière, violoncelle et saxophone. Une pépite folk.

L’amitié, la tendresse, les préoccupations pacifistes et écologistes sont bien là, mais sans lourdeur. C’est chanté et joué avec une grâce, un talent de tous les instants.

Sa seconde parution, «Mario si tu passes la mer» (1979), est plus étoffée. On doit les arrangements et la réalisation musicale à Jean-Claude Dequéant qui oeuvrait avec Yves Simon à la même époque.

Il s’agit d’un de ces rares disques que l’on aime de plus en plus, à chacune des réécoutes. La chanson éponyme est un émouvant salut à un ami québécois, Mario, toujours fidèle quatre décennies plus tard. Elle me rappelle celle de Claude Besson, Mon ami Pierre du Québec. Besson nous a quittés récemment, et il serait grandement temps qu’on réédite ses vieux vinyles pleins de sève bretonne.

Comme d’habitude, Jofroi reproduit les pochettes originales (quasiment) à l’identique, ce sont de beaux objets cartonnés, et on peut y retrouver une chanson d’amour pudique et poignante: Quartier d’soleil.

Deux dernières rééditions qui donnent envie de se replonger dans son recueil de textes et de souvenirs: «De Champs la rivière à Cabiac sur terre» (Éditions du Soleil). Et on n’oublie pas que Jofroi continue sa route, avec des nouveaux disques et spectacles qui valent très largement le détour eux aussi.

Son site officiel

Et sa chanson Julie, extraite de «L’odeur de la terre», avec en prime une faute malicieuse de grammaire, faite exprès!

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Parlant de beaux objets, il ne faut pas louper le livre/cd qu’a fait paraître Domlebo à l’automne. Ça s’appelle «Ensemble» et c’est comme un manifeste en chansons, avec un propos, un enthousiasme et un allant que ne renierait pas Jofroi.

À l’heure où on célébrait les cinquante ans de Woodstock, on ne peut s’empêcher de penser que l’utopie Peace & Love perdure, et que ces deux auteurs-compositeurs-interprètes s’entendraient à merveille sur une scène partagée. Citons le Québécois sur sa quatrième de couverture: «ENSEMBLE, c’est beaucoup une histoire d’amitié. Un lieu d’échange et de collaboration. Un projet qui n’a pas fini d’évoluer. Onze chansons qui nous ressemblent et nous rassemblent.»

Ainsi va Domlebo: lyrique et bavard incorrigible. Émerveillé. Plein d’espoir. À contre-courant de la morosité ambiante. Dans le livre, outre les paroles, chacun des morceaux est présenté, mis en contexte.

Les refrains sont accrocheurs, les musiques chaloupeuses, la ferveur contagieuse. Pour peu, on dodelinerait de la tête, et on battrait du pied. C’est d’une belle simplicité, faite pour les foules sentimentales et les autoproclamés grands naïfs. Naturellement, les réflexions sont (à peine) planquées entre les lignes.

Ça peut se découvrir sur sa page.

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Le premier album déchirant de Mano Solo, personne ne peut l’oublier. Idem pour celui de Monsieur Mono, «Pleurer la mer morte» en 2005. Ce sont des oeuvres gravées dans notre coeur pour toujours, comme des coups à l’estomac. Ça creuse et ça libère.

Monsieur Mono, c’est Éric Goulet, un important musicien, chanteur et réalisateur de la scène québécoise depuis bientôt trois décennies. Un autre de ses coups de maître, c’est l’album «La nuit dérobée» de son groupe Les Chiens.

Il publie aujourd’hui «Les sessions Piccolo» sur lequel il réenregistre avec une formation de cordes (le quatuor Esca) quelques-unes des chansons marquantes de son répertoire. Mono est au piano et au chant. La surprise, c’est la délicieuse Salomé Leclerc qui l’accompagne sur deux titres.

L’édition cd est faite pour la promo et les amis, elle est très minimaliste. Il vaut mieux attendre une possible version vinyle ou se procurer les mp3. L’enregistrement le mérite. On peut l’écouter sur cette page.

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Saute en l’air

1 mars 2015

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C’est sublime. Dans les années 60, Léo Ferré interprète le poème Spleen de Baudelaire. Grandiose, solennel, avec des arrangements à l’avenant, somptueux. Comme une prière, il chante: «Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle/sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis». Une quinzaine d’années plus tard, Alain Souchon écrit dans l’excellente Saute en l’air: «Est-ce que c’est le ciel, le couvercle à Baudelaire/qui nous aplatit, nous plaque par terre». À sa manière légendaire: légère, sur des notes qui sautillent de Laurent Voulzy. Deux grandes chansons au propos sombre, aux styles très divergents.

En écoutant le nouvel album de l’auteur-compositeur-interprète québécois Domlebo, on pense à la façon Souchon. Un propos social, engagé, mais mine de rien. Quiconque écoute distraitement peut passer à côté de la démarche textuelle.

On peut battre des mains, taper du pied, sur ce troisième Domlebo, après le film musical «Chercher noise» (2012), un projet original et frais, mais trop coûteux à produire, trop difficile à promouvoir, à trimballer (on peut le voir librement ici). Le surprenant artiste revient cette fois à la formule plus classique du disque, avec une pochette qui a un je-ne-sais-quoi de ludique. La version cd est très belle, avec un boîtier en carton, un livret coloré, vif. Un objet joyeux qui nous charme illico. Ce gars-là a animé Les Cowboys Fringants à la batterie pendant longtemps, et il a emporté son charisme et son humour avec lui. Il les distille dans tout ce qu’il fait, jusqu’au moindre courriel promotionnel. L’autoproduction en mode inventif.

Le joliment nommé «Bricolages» a été conçu avec l’aide de Jérôme Minière à la réalisation, discrète, subtile et minimaliste.  Ne craignez donc pas d’électro-pop, d’arrangements «dansants» mais casse-pieds. Au cours de ces dix morceaux, le corps peut onduler finement, tout en méditant aux paroles tendres, engagées, subversives. On songe au printemps érable, aux révoltes, mais ils sont évoqués plutôt que martelés. Domlebo sait se faire un grand naïf et ouvrir des portes vers une société plus solidaire et humaniste.

Plus on écoute «Bricolages», plus on l’aime, plus on se rend compte de l’importance de son créateur dans notre paysage chansonnier. Ce que Domlebo propose depuis «Chercher noise», il est le seul à le faire de cette manière. Et cette chanson de Souchon, citée plus haut, irait à merveille dans le répertoire du Québécois : «J’ai tout compris c’est une horreur/la terre est un aspirateur/qui veut not’ corps, l’aspire, l’espère/Elle te désire, te laisse pas faire/Saute en l’air»…

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Album en écoute sur le site Internet de Domlebo…

Rebonds

18 décembre 2012

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Pour ouvrir des fenêtres. Par curiosité. Parce qu’on ne peut pas être partout, tout le temps. En guise de complément à mon palmarès de l’année, j’ai donc demandé ceci à quelques-uns de mes lauréats : «J’aimerais savoir quel a été votre coup de coeur musical francophone en 2012. Ça peut être un disque récent ou au contraire un vieux disque que vous ne connaissiez pas et que vous avez enfin pu découvrir. Québécois, Français, mort ou vivant, aucune importance.»

Voici leurs réponses (par ordre alphabétique). J’ai demandé à Alexandre Belliard de me donner un autre choix car Florent Vollant n’était pas vraiment franco. J’ai gardé le début du message parce que je le trouvais intéressant. Et tant pis si c’est de la triche!

Je tiens à les remercier pour leurs réponses.

Alexandre Belliard :
Zachary Richard, Bayou des mystères (1976)

Cette année j’ai écouté beaucoup, beaucoup d’albums, comme chaque année, de Placard à Chloé Ste-Marie, de Katerine et ses peintres à mon éternelle passion pour Renaud, mais je suis de façon récurrente revenu aux albums de Florent Vollant et plus particulièrement de son album Eku Mamu. Tellement sincère, tout près de nous, mélodique, enveloppant et en prime…. le rêve d’une poésie inaccessible que par le coeur. Tout un artiste!

Depuis mon périple de 11 500 km à travers l’Amérique au côté de mon paternel au mois d’octobre dernier, j’écoute avec acharnement l’album Bayou des mystères de Zachary Richard. Ça me rappelle les couleurs et les saveurs de la si belle Louisiane. Ça danse, ça sent les racines, l’histoire et la fête! Un grand monsieur ce Zachary!

Thierry Bruyère :
Montagnes russes, mini-tsunamis (maxi 5 titres ; 2011) d’Émilie Proulx

Pour moi, c’est une défricheuse comme les soeurs McGarrigle l’ont été pour mes parents. Sa façon d’aborder nos doutes et nos mal-aimés me renverse. Quand elle chante «Au fond c’que j’aime pas quand j’y pense / C’est surtout mon ambivalence / Mon visage flou comme le Québec / Américaine et pas pantoute», elle parle de mon propre combat. Elle est anglophile et se réclame simultanément d’une américanité francophone. Je sais, en l’écoutant, qu’il faut mettre la main à la pâte en français.

Louis-Jean Cormier :

Mon coup de coeur franco de 2012 est Astronomie d’Avec pas de casque pour la richesse de sa poésie. Des textes qui rendraient jaloux Miron et qui nous donnent le goût d’écrire… Mieux.

Domlebo :

J’ai pas mal écouté Marie-Pierre Arthur. Mes Aïeux ont sorti un disque avec plusieurs chansons très très bonnes. C’est Amylie par contre avec Le royaume qui gagne cette année. La réalisation, la lumière des textes, sa voix absolument charmante, les rythmes, les thèmes, une douce poésie féminine et pacifiante. Je ne l’avais pas haïe avec ses premières chansons et en spectacle mais là, wow!

Thomas Hellman :
Montagnes russes, mini-tsunamis (maxi 5 titres ; 2011) d’Émilie Proulx

J’adore le côté atmosphérique, douce mélancolie et poésie. Émilie a un son et un univers qui lui appartiennent entièrement. Elle est à mille kilomètres de toutes ces chanteuses avec de fausses voix naïves de petites filles que je ne peux plus supporter.

Sébastien Lacombe :

Mon coup de coeur musical de 2012 est un disque que j’ai redécouvert pendant mon travail de studio, je l’écoutais beaucoup pour me mettre dans une ambiance. Bleu Pétrole de Bashung, pour son côté tragique et surtout pour la chanson Vénus, un bijou d’arrangement, un disque que j’avais oublié et que je redécouvre cette année. Première à éclairer la nuit, Vénus…. La profondeur de ce disque est grandiose.

Léonard Lasry :

Cette année, contrairement aux années passées, j’ai eu beaucoup moins de coups de coeur pour des nouveautés francophones. J’en profite alors pour parler d’un album que j’aime toujours autant au fil des ans, il s’agit de l’album éponyme de Bruno Maman (2005).

C’est pour moi un très grand album avec des très grandes chansons… La production y est grandiose, elle est d’ailleurs signée Alain Goraguer, un des meilleurs arrangeurs-réalisateurs des années 60-70. Elle est à la fois classieuse, riche (grand orchestre) et inventive.  Je me rappelle avoir découvert cet album à sa sortie et être tombé immédiatement «d’accord» avec tout ce que j’entendais, le choix des mots, les mélodies, le son, les partis pris…Parmi mes préférées : Cain sans Abel, Naïf, Aujourd’hui efface hier, De chez toi à chez moi ou la très belle Le marchand de fleurs… En bref, je ne manque jamais de parler de cet album, trop injustement méconnu à mon avis…

Tristan Malavoy :
André Dédé Vander – French toast et peines perdues (2012)

Je connaissais bien sûr le Vander mouture Colocs, je connaissais aussi le type un peu bourru mais sympa croisé un soir sur une scène de Dub & Litté, ce «sound system littéraire» qui avait bien fait groover mes poèmes. Je connaissais beaucoup moins le Vander ACI, découvert vraiment avec French toast et peines perdues, très bel album paru en mars dernier. On se régale de sa version de la Marie-Jeanne de Dassin; on goûte au moins autant les chansons de son cru, textes bien tournés posés sur des musiques folk et reggae. J’aime.

La ligue des champions

13 décembre 2012

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L’année 2012 en chansons francophones. Voici les meilleurs joueurs. D’ici quelques jours, je publierai un autre billet pour dévoiler les coups de cœur de la plupart de ces lauréats. À suivre.

Meilleurs albums

1) Sébastien Lacombe, Territoires

2) Élisa Point & Léonard Lasry, L’exception

3) Thomas Hellman chante Roland Giguère

4) Tristan Malavoy, Les éléments

5) Daran, L’homme dont les bras sont des branches

La plus belle surprise / le plus original

Domlebo, Chercher noise

Merveilleusement et bellement hors du temps

Alexandre Belliard, Légendes d’un peuple tomes 1 et 2

Espoir

Thierry Bruyère, Le sommeil en continu

Meilleure chanson

Louis-Jean Cormier, Un monstre (paroles et musique de LJ Cormier)

Rééditions

Julien Clerc, coffret L’essentiel (13 cd)

Renaud, Intégrale studio (18 cd)

Les plus nuls

Raphaël, Super-Welter

Benjamin Biolay, Vengeance

Pieds nus dans l’aube

21 mars 2012

Projet ambitieux et original, le chanteur Domlebo présentait hier soir à Montréal la première du film Chercher noise, un documentaire sur la création de dix nouvelles chansons.

Les disques ne se vendent plus? La société, éternelle enfant en déficit d’attention, n’est pas capable d’écouter de la musique si on ne lui refile pas de petites images pour aller avec?

Soit. Domlebo va nous donner un vidéo d’une heure et demie  à la place. Ce qui est bizarre, c’est que d’habitude, on fait l’inverse: quand un album est bien établi comme un classique, il a droit à son documentaire.

On pouvait être perplexe par l’idée, mais le film surprend et séduit: la réalisation de Yellowtable est magnifique, la narration de Normand Daneau, sobre et juste. C’est plein d’humour. On entre dans le processus créatif des chansons, ce qui devrait intéresser pas mal de monde, pas juste les amateurs de Domlebo. Ce dernier a invité une trentaine d’artistes à participer. On voit Francis d’Octobre jouer de la guitare, Marie-Marine Lévesque chanter, Jérôme Minière pianoter, Dany Placard, réalisateur attentif des chansons, se gratter la barbe.

Naturellement, on aurait pu couper sans problème une vingtaine de minutes au film qu’il en aurait été plus efficace. Par bouts, ça frôle la complaisance. Aussi, si on souhaite exporter la pellicule en Europe, il faudra des sous-titres tant le jargon de plusieurs musiciens québécois est peu compréhensible (même pour un Vrai de Vrai Québécois Pure Laine)…

S’il faut souhaiter que ce film soit vu tant il est riche en émotions, en rires et en apprentissages, on peut également grandement espérer qu’il aidera à diffuser les chansons, il y en a de superbes (Soigner mes mots; J’ai encore une chanson; etc.). On croyait que Domlebo interpréterait ça les yeux fermés, lourde erreur. Il chante plutôt pieds nus, même en pleine forêt.

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Le film Chercher noise sera présenté de nouveau le 22 mars à 20 h 30 à la Cinémathèque québécoise à Montréal.

Bande annonce, plus de détails et lien pour télécharger la trame sonore du film (contre un don) sur le site du chanteur.

 

Chercher noise, trouver la beauté

23 février 2012

Depuis quelques mois, une rumeur circule sur Internet: le nouveau projet de Domlebo, ex-batteur des Cowboys Fringants et mélomane fou, serait prometteur. Original, assurément. Ça s’appelle «Chercher noise», comme en France pour chercher querelle ou, peut-être dans la langue de Beck, chercher à faire du bruit.

Un vidéo de quelques minutes circulait, pour y goûter. Filmé pendant l’enregistrement. Et là, on découvrait un nouvel artiste, plus lyrique, plus sérieux, qui faisait vibrer l’amateur de chansons adultes avec quelques mots chantés probablement les yeux fermés.

Aujourd’hui que sort la bande originale de ce projet, en attendant le film qui vient avec en mars, on a envie de dire qu’en cherchant noise, Domlebo et ses potes ont trouvé la beauté.

On lui a soumis quelques questions par écrit, en lui suggérant de ne point trop sacrer, en espérant qu’il soit le plus concis possible – sachant l’homme affable et bavard. Va-t-il réussir?

Q: Pourquoi avoir quitté Les Cowboys Fringants en plein succès?

R: Ma réponse officielle, pas trop méchante et qui en même temps laisse place à toutes les interprétations, c’est: pour un paquet de bonnes raisons.

Succès ou non. C’est sûr que quand tu joues toute l’année, que tu peux voyager, que partout où tu passes les gens t’aiment, chantent tes chansons et veulent être tes amis, ça devient une décision moins facile à prendre.

Q: Ton premier cd, «Grand naïf», rapatriait de vieilles chansons que tu avais écrites au fil des années. Avais-tu essayé de placer ces morceaux au sein du groupe? Pourquoi vouloir tout faire en solo?

R: Triple question, triple réponse.

Grand naïf, mon premier cd, comme tu dis, rapatriait effectivement de vielles chansons ainsi que des trucs créés dans les mois précédents.

Je te dirais qu’à part la dernière pièce («Où irons-nous?»), aucune des chansons n’a été écrite pour les Cowboys ou aurait pu selon moi avoir été présentée au groupe.

Pourquoi solo? Je savais qu’au départ j’avais besoin de faire un bout de chemin tout seul, sans trop savoir à partir de quelle étape j’allais commencer à frapper aux portes.

Je n’étais pas sûr de pouvoir jouer toutes les pistes d’instrument et ça a donné ce que ça a donné.

Le déclic de confier le mixage et le matriçage à Ghislain Luc Lavigne s’est fait tout seul à un certain moment donné.

(j’espère que tu trouves mes réponses suffisamment beaucoup trop longues!)

Q: Dans le livret de ce premier opus solo, tu parles déjà que le prochain s’appellera «Chercher noise» et sera radicalement différent. Tu étais déjà passé à autre chose? Pourrait-on dire que «Grand naïf» était un témoignage du passé mais que c’est surtout l’avenir qui t’intéressait?

R: Non. Je n’étais pas passé à autre chose. Je devais rendre public l’album, le fait que ce soit devenu un auteur-compositeur-interprète en développement et défendre les chansons sur scène. Grand naïf témoigne d’où j’étais à ce moment-là et comme on dit, le premier disque prend 10 ans à faire. C’est normal que toutes sortes de plus ou moins vielles affaires aient besoin d’y trouver leur place.

Q: Qu’est-ce que «Chercher noise» exactement? En quoi est-il différent du Domlebo qu’on a connu? Pourquoi demander à Dany Placard pour la réalisation du disque?

R: C’est un film au lieu d’un disque. C’est l’œuvre (les enregistrements de 10 nouvelles chansons) et le documentaire sur l’œuvre (1 an de travail a été documenté).
Le domlebo qui a écrit les chansons, qui les chante et qui a organisé l’ensemble de ce projet complètement démesuré, s’est amélioré de façon globale au point de vue artistique et technique.
Pourquoi Dany Placard?
Parce qu’il m’a dit que ça devait être lui qui devait le faire.
Probablement parce que nous semblons être aux antipodes au niveau musical et qu’en même temps, nous nous estimons profondément.

Q: Les collaborations sont nombreuses dans cette nouvelle aventure. Es-tu allé piocher uniquement dans les gens autour de toi ou as-tu tenté d’agrandir ton cercle?

R: J’entends les gens dire que je connais tout le monde, ok, un peu.
Je suis entré aussi en contact avec beaucoup de gens que je n’avais jamais rencontrés.
Il y a une histoire différente pour chacun des 37 artistes qui ont participé.

Q: Peux-tu nous dire quelques mots sur le choix de Yellowtable pour réaliser le film? Comment ça s’est passé?

Un peu comme pour Dany Placard.
Je devais rencontrer au moins deux autres réalisateurs en haut de ma liste.
Ce sont eux qui avaient fait le clip pour la chanson «On choke» sur mon premier recueil de chansons.
Mon «pitch» de 15 minutes à yellowtable (Daniel Robillard et Stéphan Doe) est devenu une première rencontre de production de 4 heures!
Ils ne m’ont pas donné le choix: ils se sont approprié le projet tout de suite.
Ça fait maintenant 15 mois qu’on travaille là-dessus ensemble…

Q: La diffusion de cette œuvre sera assez particulière, je crois. Tu offres d’abord en téléchargement la bande sonore. Les gens peuvent donner le prix qu’ils souhaitent pour financer le film. Est-ce un constat que les systèmes de diffusion traditionnels sont agonisants?

R: C’est un mélange unique de «on met ça en ligne», de Kickstarter mais après coup et de «nomme ton prix».
Je ne parlerais pas d’agonie. Les systèmes de diffusion traditionnels ne sont déjà vraiment plus tout seul.
Il y a différents modèles et moyens pour différentes propositions artistiques et différents publics.
Tu y vas avec ce qui te ressemble et tu fonces!

Q: Que penses-tu du téléchargement illégal? Ça aide les artistes ou ça leur nuit?

R: Je vais te dire ce qui est illégal: faire beaucoup beaucoup d’argent avec l’art et se laver les mains de distribuer la part qui devrait revenir aux artistes.

Q: Et sinon, la vie est belle à l’aube d’un projet si original?

R: La vie est «crissement» belle, si tu me permets de sacrer.

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Pour écouter, découvrir, acheter ou en savoir plus sur ce projet de Domlebo, consultez le site officiel.


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