Chansons pour vieux pianos

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Marie Denise Pelletier fait revivre les chansons de Claude Léveillée. Dans un spectacle intimiste mis en scène par Serge Postigo, elle sera soutenue par deux musiciens, et on retrouvera l’ambiance des cabarets des années 60 (la fumée en moins). Entre la fragile douceur d’un vétuste piano et la voix puissante de l’interprète, l’émotion n’est jamais loin.

«Y’a pas tellement longtemps/vous vous rappelez au temps du guignol, de la dentelle/on se saoûlait le dedans de pathétique/C’était la belle époque du piano nostalgique». C’est avec Les vieux pianos que Marie Denise Pelletier débutait son album «Léveillée, entre Claude et moi» en 2017. Aujourd’hui, elle transpose ce répertoire sur scène. Ses souvenirs remontent à loin, aux années 60 : «Je suis la plus jeune d’une famille de cinq enfants. Mes grands frères et sœurs achetaient tous les disques de Claude Léveillée. La maison baignait dans son univers. C’est rentré, pas seulement dans les oreilles, mais dans le cœur, dans l’ADN. Il était une mégastar à l’époque, on l’entendait partout, même dans les classes, quand j’allais à l’école, les professeurs se servaient de son œuvre. Il a été un des piliers de notre chanson. Il était aussi beaucoup à la télévision, il écrivait des thèmes, il faisait de la comédie musicale.»

Une vingtaine d’années passent. La chanteuse a eu le bonheur de travailler avec lui : «J’ai eu le privilège de le connaître un peu. Il a même participé à mon spectacle hommage à la chanson québécoise en 1981. C’est ce que je raconte sur scène aujourd’hui : les deux Claude que j’ai connus. Celui qui, par sa musique, a bercé mon enfance. Et celui que j’ai par la suite rencontré, avec qui j’ai eu des très belles conversations.»

Sur scène, elle puise essentiellement dans ses oeuvres des années 60 où Léveillée faisait des chansons pour vieux pianos, dans un souffle proche des grands chansonniers français. Les mélodies qui s’inscrustent pour ne plus vous quitter : Ne dis rien ; Emmène-moi au bout du monde ou Soir d’hiver, sur un poème de Nelligan.

Elle confesse en riant qu’elle pensait à réaliser cet hommage depuis une décennie. Au centre du projet, il y a un musicien magnétique : Benoît Sarrasin*. De son doigté délicat, il porte ce répertoire avec grâce : «Ça fait presque quarante ans que Benoît est mon pianiste. Autant pour lui que pour moi, Léveillée a été une influence importante : c’était un grand pianiste, autodidacte d’ailleurs. Il m’a influencée par sa façon de chanter, d’interpréter.»

Elle a attendu longtemps avant de s’y mettre. Par peur, par angoisse ? «Pas du tout, lance-t-elle en rigolant. Il faut intérioriser ces chansons, les faire siennes. Il faut les respecter, mais aussi y apporter mon vécu, mon bagage, ma voix. Et si je l’ai fait, c’est aussi beaucoup pour que ne meurt pas ce magnifique répertoire qui est tellement riche, faire une passation afin que les plus jeunes puissent l’écouter.»

À écouter Marie Denise Pelletier chanter ces mots qui lui vont si bien, et Benoît Sarrasin jouer ces notes évocatrices, on ne peut espérer qu’une chose : que le disque et le spectacle engendrent des suites. Qu’il y ait toujours plus de traces tangibles des chansons de Claude Léveillée.

Francis Hébert

(pour L’Entracte de février 2020)

* On trouve le nom de ce pianiste écrit de toutes sortes de manières, y compris sur la couverture du cd. J’ai choisi de ne pas m’y fier. Je fais plutôt confiance à l’orthographe du disque hommage à Brel, sur lequel il officie.

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