On tient ici un album extraordinaire, proprement inouï, qui devrait captiver les amateurs de chanson française à l’ancienne, poétique, riche. Avec «La licorne captive», Daniel Lavoie fascine. L’intensité de son chant rappelle sa collaboration aux 12 hommes rapaillés. Cette fois encore, Lavoie redevient un interprète majuscule, sous la houlette de Laurent Guardo, concepteur du projet. On doit entre autres à Guardo un opus consacré aux poèmes de William Blake ainsi que des génériques d’émissions radio ou télé (La facture ; Musicographie ; Désautels ; etc.)
Guardo a mis une dizaine d’années à concrétiser La licorne. Il voulut composer des chansons inspirées par la Renaissance, tant pour les textes que pour les musiques. On y narre ici des contes et légendes (la chasse-galerie ; Icare ; etc.) dans des arrangements envoûtants, avec de vieux instruments (violes de gambe ; archiluth), des exotiques (à nos oreilles !) comme les tablas ou les gongs tibétains ainsi que quelques touches de guitares et basse pour une approche plus familière. Outre les mots de Guardo lui-même, Lavoie chante deux poèmes de Rimbaud (Ophélie ; Le bal des pendus). L’ensemble est d’une cohérence rare.
Les producteurs d’ici n’ont pas voulu sortir ce disque, prétextant qu’il n’était pas assez «commercial». Grosse erreur. La vénérable étiquette française Le chant du monde s’en est occupé et le cd connaît actuellement un grand succès en magasin!
On a apporté beaucoup de soins à l’objet : grosse pochette cartonnée, photos, paroles (hélas manuscrites) et un beau texte de présentation signé de l’écrivain Philippe Delerm. Le résultat est superbe.
Maintenant, on espère que Le chant du monde en profitera et mettra autant d’efforts à rééditer les trésors de son catalogue des années 1960/1980, comme les 33 tours de Jean-Max Brua ou de Gérard Pierron par exemple.
Le projet Miron l’a prouvé, cette licorne de Lavoie itou : le succès n’est pas toujours là où on l’attendait. Osez.
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(Pour plus de détails, lire l’entretien que Daniel Lavoie et Laurent Guardo ont accordé au Journal du Dimanche.)
Étiquettes : Daniel Lavoie, Laurent Guardo
7 mai 2014 à 16:04 |
C’est un magnifique article et je suis d’accord en tous points, cet album est superbe.
Merci Francis.
Michèle
7 mai 2014 à 22:49 |
Merci de ce texte. Pour moi aussi, ce project-là est lié avec 12 hommes. La même intensité et le poids intellectuel.
Et j’aime le fin: « Osez ». Oui.