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Carnets (2)

9 décembre 2012

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Décembre 2012

Je suis plongé depuis quelques jours dans la nouvelle et très belle intégrale studio de Renaud. Sa carrière discographique a le même âge que moi et – de mémoire – il me semble qu’en février 1975, le gavroche était en studio alors que je m’apprêtais à voir le jour. Si ce n’est pas un lien fort entre nous…

En France, il semblerait que les radios matraquent ses chansons depuis toujours, et que même les amateurs de musique francophone en ont marre, du moins certains. Au Québec, on est assez tranquille de ce côté-là, à peine me souviens-je d’avoir vu le clip de La mère à Titi à la télé.

Du coup, le Québécois de base doit s’y prendre autrement pour découvrir Renaud, et ses disques ensuite ne sont pas si facilement trouvables*. Il y a dix ou vingt ans, ça se méritait, une collection Renaud. Les cd se détaillaient quasiment au double du prix. Et il y a la parlure. Contrairement aux Français, qui comprennent plus aisément la langue populaire ou familière (très peu argotique, comme on l’a souvent dit à tort), au Québec, il faut la décoder, l’apprivoiser. Ensuite, on devient encore plus morgane de lui.

J’ai découvert ses chansons vers 16 ans, par des amies hippies qui l’écoutaient entre Pink Floyd ou The Grapes of Wrath. Ça tournait dans la pièce, j’ai entendu Me jette pas ou Manu, je ne sais plus, en tout cas le spectacle Visage pâle, et c’était parti pour des décennies de plaisir en sa compagnie. Outre la révolte et la tendresse, Renaud est certainement un des chanteurs les plus drôles. Dans ses chansons, dans ses entrevues ou dans ses chroniques à Charlie Hebdo.  Hautement recommandables, ses deux recueils de chroniqueur, Renaud Bille en tête et Envoyé spécial chez moi. Renaud recevait à l’époque les textes de Pierre Foglia chez lui en Europe, il en parle sans le nommer. Foglia lui renverra la balle, en louangeant son premier recueil.

En le réécoutant, en le relisant, on déterre encore des perles qui nous avaient échappées, même si on pensait tout connaître par coeur. Les mots savoureux et charme semblent inventés exprès pour évoquer la plume de Renaud.

Certains disques des années 80 (Morgane de toi; Mistral gagnant et Putain de camion) ont pris des rides, à cause de la surproduction à l’américaine, mais ça ne gâche jamais complètement l’écoute. Renaud, au-dessus du lot, toujours, même quand il est moins inspiré (l’opus Ma gonzesse, par exemple). Une discothèque idéale de la chanson française devrait au moins compter quatre ou cinq de ses disques. Anecdote: il raconte dans un entretien que son deuxième opus s’appelait en fait, à sa sortie, Place de ma mob et que c’est sa maison de disques, devant le succès de la chanson Laisse béton, qui l’a rebaptisé ainsi.

J’ai vu le chanteur deux fois en spectacle, à Québec et à Saint-Jean-sur-Richelieu, ma rivière d’origine. Je connais presque toutes ses chansons par coeur, sauf peut-être les deux ou trois derniers albums. C’est dire la joie et l’angoisse que j’ai ressenties quand je l’ai eu au bout du fil vers 2006 pour une entrevue dans mon hebdo. J’avais eu vent qu’il ne voulait pas en donner mais que le Festival d’été de Québec, qui l’invitait à chanter, lui avait un peu forcé la main…

Je ne lui en ai pas voulu, et ses chansons demeureront un repère dans mon parcours de mélomane francophile. Aux côtés de Brassens et Gainsbourg.

P.-S. De tous les livres que j’ai lus sur Renaud, mon préféré demeure Le roman de Renaud, de son frère Thierry Séchan. Une bio commentée au travers des pages par le chanteur. Mais je n’ai pas encore pu mettre la main sur celui de Baptiste Vignol. S’il me lit…

* Je parle des années 90, avant on m’informe que Renaud passait à la radio québécoise et que ses 33 tours y étaient disponibles… Je précise pour ceux qui ne lisent pas les commentaires rattachés aux billets de blogue. C’est mal de ne pas le faire, sachez-le.

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